La loi sur les retraites a été promulguée dans la nuit de vendredi à samedi par Emmanuel Macron, quelques heures seulement après la validation du texte par le Conseil constitutionnel. Une rapidité que dénoncent les oppositions car, si tous savaient que le chef de l'État souhaitait aller vite, personne ne s'attendait à une promulgation éclair.
Une rapidité "normale" pour la majorité
Du côté de l'exécutif, "c'est tout à fait normal", répond un proche du président. "Emmanuel Macron a toujours promulgué les lois dans la foulée", ajoute un cadre de la majorité. Le message est clair : circulez, il n'y a rien à voir, ni précipitation, ni sous-entendu de la part du chef de l'État.
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"Brutalité extrême" pour les oppositions
Mais cette décision provoque la colère des oppositions déjà bien à cran. Marine Tondelier, la présidente des Verts, dénonce un hold-up démocratique. "C'est une ultime humiliation de la part d'Emmanuel Macron : humiliation du mouvement social, humiliation de ses opposants politiques", fustige-t-elle. "Il avait quinze jours pour promulguer cette loi. Rien ne pressait et dans la nuit comme ça, par surprise, il l'a promulguée. C'est d'une brutalité extrême. C'est en fait un braquage, un braquage démocratique, certes, mais qui n'en demeure pas moins un braquage."
Pour le député de l'Essonne Antoine Léaument (LFI), "c'est un pied de nez au peuple français et aux syndicats". L'intersyndicale a souhaité rencontrer le président de la République le 1er mai et lui a demandé explicitement de ne pas promulguer la loi avant cette date. "Avant d'avoir pu avoir une discussion avec lui justement, il continue sur la même lancée. Il n'en a rien à faire et ça ne l'intéresse pas. D'une certaine manière, on a l'impression que sa volonté est d'écraser le peuple français et les organisations syndicales dans une manière de faire de la politique qui est très brutale", déplore-t-il au micro d'Europe 1.
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"Le droit prévoyait effectivement quinze jours pour pouvoir promulguer, ce qui était un temps qui aurait pu permettre de répondre à la demande des organisations syndicales, de ne pas promulguer et peut-être de revenir évidemment sur cette mauvaise réforme. Ce n'est pas le choix qui a été fait. Sur le fond, de toute façon, à la fin, cette réforme a été mal préparée, elle n'a pas été négociée, elle n'a pas été votée et elle est, la preuve en est, très mal promulguée", fustige Thomas Clavel.
"Une provocation supplémentaire"
Une "provocation" aussi pour Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national. "C'est une provocation supplémentaire du président de la République vis-à-vis des Français. C'est une façon de leur faire un bras d'honneur. Il montre, à travers cette rapidité nocturne à promulguer cette loi, il veut montrer qu'il a gagné la partie", note-t-il au micro d'Europe 1.
"Nous considérons avec Marine Le Pen que d'abord, le débat sur la réforme des retraites n'est pas fini. On continuera de le porter à chaque fois. Donc le débat sur le fond n'est pas fini. C'est un épisode, mais ce n'est pas la fin de l'histoire. Le gouvernement va avoir bien du mal désormais à faire passer des réformes. Je crois qu'il ne trouvera pas de majorité sur des textes. Donc le président de la République met la France dans l'impasse, dans la crise politique, c'est à lui d'en sortir. Évidemment, il ne pourra pas compter sur le rassemblement national pour lui donner un coup de main. Nous allons continuer à nous à le combattre fortement", assure le porte-parole du Rassemblement national.
"Une loi extrêmement injuste et brutale"
Et du côté des syndicats, la rapidité du passage de la loi est aussi critiquée. Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, annonce une série d'actions à venir avant "un raz de marée populaire historique le 1ᵉʳ mai". De son côté, Cyril Chabanier, prédisent de la CFTC, a exprimé sa colère au micro d'Europe 1. "Nous avons une loi extrêmement injuste et brutale. Il n'y a plus rien sur la pénibilité par exemple. C'est inacceptable. Faire ce type de provocation, en promulguant la loi quelques heures après la validation du Conseil constitutionnel, ce n'est pas un critère d'apaisement, bien au contraire. C'est un critère pour accentuer la colère et c'est là où ce n'est pas compréhensible", déplore-t-il.
Un constat que partage Thomas Clavel, le secrétaire général de la CFDT Cheminots. "C'est encore une porte fermée. C'est encore nier effectivement la réalité d'une opposition qui s'est exprimée très massivement, qui continue à s'exprimer et malgré tout la seule réaction de l'exécutif, c'est de confirmer son obstination avec la surdité et le mépris que toutes ces décisions font peser sur les salariés et sur les citoyens", regrette-t-il au micro d'Europe 1.