Interrogé à l'occasion de la Fête nationale, Emmanuel Macron a estimé mardi que la France ne pourrait pas faire "l'économie d'une réforme" de son système de retraites, tout en reconnaissant que le projet du gouvernement ne pourrait pas être maintenu tel qu'il était prévu avant la crise sanitaire.
"Nous ne ferons pas l'économie d'une réforme de notre système de retraite, pour qu'il soit viable", a assuré le chef de l'État lors d'un entretien télévisé. Néanmoins, cette réforme "ne peut pas se faire comme elle était emmanchée avant la crise du Covid", a-t-il concédé. "Je crois que cette réforme est juste. Il faut peut-être lui donner un peu plus de temps", a-t-il estimé.
Tout en reconnaissant que "la priorité de cet été, de la rentrée prochaine, c'est l'emploi", il a expliqué sa volonté de remettre la réforme "à la discussion et à la concertation". "Dire : 'on fait comme s'il n'y avait pas de problème', c'est dire 'je sacrifie le patrimoine de ceux qui n'en ont pas', c'est de dire 'je prends le risque de ne pas pouvoir payer les retraites demain'", a-t-il justifié.
"Je pense que cette réforme est juste"
Le chef de l'État a cependant estimé que la réforme des retraites, suspendue "sine die" mi-mars après son vote en première lecture à l'Assemblée nationale, via la procédure du 49-3, ne pouvait être maintenue en l'état. "Je pense que cette réforme est juste car elle est faite pour celles et ceux qu'on a appelés les 'premiers de corvée'" mais "elle ne peut pas se faire comme elle était emmanchée avant la crise du Covid", a jugé le chef de l'État. Emmanuel Macron a jugé nécessaire de distinguer la réforme "systémique", qui était le cœur du projet initial de transformation en un système universel de retraite par points, et "l'aspect financier" du régime des retraites, dit "paramétrique", que les syndicats refusent en bloc d'examiner dans l'immédiat.
Selon les estimations dévoilées mi-juin par le Conseil d'orientation des retraites, le déficit du système de retraites devrait approcher cette année le niveau record de 30 milliards d'euros. Ce niveau, largement supérieur aux 4 milliards de déficit attendus avant la crise, a poussé le gouvernement ces derniers jours à remettre le sujet sur la table, malgré l'opposition unanime des syndicats. Interrogé sur une possible augmentation du nombre de trimestres travaillés pour résorber ce déficit, Emmanuel Macron a indiqué avoir "déjà montré" son "ouverture sur tous ces sujets", tout en refusant à ce stade de se prononcer.
"La priorité de cet été, c'est l'emploi"
"Le Premier ministre Jean Castex va réunir en fin de semaine, vendredi, l'ensemble des partenaires sociaux pour tout mettre sur la table", parallèlement aux questions de "santé" et de "dépendance", a-t-il expliqué. Le président n'a pas précisé si une réforme des régimes de retraites serait bel et bien adoptée d'ici la fin du quinquennat, jugeant nécessaire de définir un "calendrier pertinent". "Je vais être clair: la priorité de cet été, de la rentrée prochaine c'est l'emploi", a-t-il conclu.