Promise à un "an II" plus compliqué, l'Assemblée nationale s'est dotée mercredi d'un nouveau président : comme attendu, le fidèle du chef de l'État, Richard Ferrand, est devenu le titulaire du perchoir, mais sans faire le plein des voix de la majorité. Ancien socialiste, l'élu du Finistère de 56 ans, jusque-là chef de file du groupe des "marcheurs" et éphémère ministre de la Cohésion des territoires, a recueilli 254 voix.
️ ️ Richard Ferrand a été élu par 254 voix sur 484 (52,4 % des suffrages exprimés). Il devient Président de l’Assemblée nationale.#DirectANpic.twitter.com/w7ms9EORTg
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) 12 septembre 2018
Un "groupe de râleurs" au sein de LREM ? Fin juin 2017, son prédécesseur François de Rugy l'avait emporté avec un score nettement plus large de 353 voix. Michaël Darmon, éditorialiste politique à Europe 1, a estimé que Richard Ferrand avait sans doute subi, non pas "une fronde" de la part de ses collègues En Marche, mais davantage un "groupe de râleurs".
Richard Ferrand élu président de l'Assemblée Nationale avec 254 voix : "Il a peut-être subi non pas les frondeurs, mais les râleurs !", dit @DarmonMichael#Europe1pic.twitter.com/K5YBigxfOs
— Europe 1 (@Europe1) 12 septembre 2018
Néanmoins, une standing ovation de la part des élus LREM a salué l'élection de cet ex-journaliste et ex-dirigeant de mutuelle, élu depuis 2012 au Palais Bourbon et qui a su depuis un an piloter le jeune et hétéroclite groupe macroniste, même si certains lui ont reproché d'être trop "directif" ou "distant".
Une passation de pouvoir prévue dans la soirée. Visiblement ému, le nouveau président s'est aussitôt dirigé vers la tribune pour sa première allocution, avant une passation de pouvoir programmée dans la soirée avec François de Rugy à l'Hôtel de Lassay. Parmi les quatre autres prétendants au perchoir, Annie Genevard (LR) a récolté 95 voix et Marc Fesneau (MoDem) 86 voix, bien au-delà des 46 députés centristes. La socialiste Ericka Bareigts a obtenu 31 suffrages et Mathilde Panot (LFI), 17 voix.
Pendant près d'une heure, les députés s'étaient succédé, dans une ambiance un peu dissipée, pour déposer leur bulletin secret dans une grosse urne verte, après les premières questions au gouvernement de la rentrée animées de joutes verbales.
Une élection sans réel suspense. Le suspense pour le prestigieux perchoir était plus que limité: facilement investi lundi par les députés LREM, face notamment à Barbara Pompili, Richard Ferrand a eu l'appui de la majeure partie des "marcheurs" (312 députés sur 577). Mais la candidature de Marc Fesneau - pas une "fronde" mais un "signal" - lui a coûté des voix dans la majorité.