"Je voudrais qu'on se lève tous pour une minute de silence pour ceux qui sont tombés" : c'est par cet hommage aux victimes de l'agression meurtrière à la préfecture de police de Paris qu'Emmanuel Macron a entamé jeudi soir à Rodez un "grand débat" pour expliquer sa réforme des retraites.
"Lever les malentendus"
Debout au milieu de 600 invités assis en rond, micro à la main, le chef de l'Etat a longuement plaidé pour "lever les malentendus" sur sa réforme des retraites, rééditant ce format de dialogue direct qu'il avait privilégié après la crise des "gilets jaunes". Il a d'emblée défendu l'utilité et l'équité de cette ambitieuse réforme qui vise à fusionner en un système unique par points les 42 régimes existants, à l'horizon 2025.
Le chef de l'Etat a promis qu'à terme, aucune retraite pleine ne serait inférieure à 1.000 euros par mois. Il a répété plusieurs fois que l'âge légal de départ à la retraite restait à 62 ans, tout en évoquant la nécessité de "définir" un "âge pivot" durant l'actuelle concertation. C'est à partir de cet âge seulement qu'on pourra bénéficier d'une retraite pleine, sans décote. "Il ne faut pas se mentir, il faudra cotiser plus, il n'y a pas de solution magique" à cause de l'évolution démographique et de l'allongement de la vie, a-t-il mis en garde.
Lancement d'une "large consultation"
La réforme ne concernera ni les retraités ni les plus de 56 ans, a-t-il rappelé - ces seniors qui forment une bonne part de l'électorat d'En Marche. Ce débat lance la "large consultation" qu'il veut organiser jusqu'à la fin de l'année sur cette réforme présentée comme la plus importante de la deuxième partie du quinquennat.
Le gouvernement fait sur ce sujet face à un front commun d'opposition. Outre les manifestations organisées par FO et la CGT en septembre, avocats, médecins et pilotes se sont également mobilisés, ainsi que les policiers en force mercredi. La quasi-totalité des syndicats de la RATP ont annoncé une grève reconductible à partir du 5 décembre. Selon une étude Elabe publiée jeudi, 43% des Français restent opposés à cette réforme qui vise à fusionner en un système unique par points les 42 régimes existants, à l'horizon 2025. 32% y sont favorables et 24% neutres.