La tension monte à la frontière entre la Russie et l'Ukraine. Les autorités ukrainiennes accusent le pays de Vladimir Poutine de préparer une attaque militaire. Si le Kremlin réfute ces accusations, les autorités russes affirment cependant leur opposition à voir l'Ukraine entrer dans l'alliance militaire de l'Otan. Pour l'ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis, Gérard Araud, cette situation peut déboucher sur "une guerre sur le continent européen". C'est ce qu'il a déclaré dimanche au micro de Jean-Pierre Elkabbach.
L'exemple de la guerre de Yougoslavie
"Je suis sûr que beaucoup de jeunes auditeurs ne comprennent pas parce qu'ils pensent que la guerre est impossible en Europe occidentale", a ajouté le diplomate, qui se souvient que malgré l'Union européenne, des conflits armés ont déjà éclaté par le passé. "Je pense profondément que la guerre est possible sur notre continent, et nous l'avons vu d'ailleurs en Yougoslavie, nous avons vu ce qui s'est passé à deux heures d'avion de Paris", a souligné Gérard Araud, faisant référence à un conflit militaire qui a eu lieu dans les années 1990. "La guerre peut revenir", a-t-il ajouté sur Europe 1.
L'ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis a également souligné le rôle de la construction européenne. "Nous avons construit l'Union européenne, qui est une manière de transférer les conflits des champs de bataille vers les corridors de Bruxelles, ce qui est infiniment plus pacifique", a-t-il expliqué, tout en mettant en garde. "Mais, il faut se méfier. Il y a en Europe, dans nos frontières, un tas de conflits qui peuvent revenir", a-t-il enchaîné, rappelant que le conflit en Yougoslavie avait causé la mort de dizaines de milliers de personnes.
Le dialogue de sourd entre l'Europe et la Russie
Le meilleur moyen d'éviter d'entrer dans un nouveau conflit armé reste le dialogue, a estimé Gérard Araud. "La Russie est un pays européen, c'est un pays avec lequel on doit parler", a-t-il affirmé, "mais comme disent les Américains, il faut être deux pour danser le tango", a ajouté le diplomate, qui a pointé une conversation difficile avec la Russie de Vladimir Poutine. "Encore faut-il que les Russes veuillent bien négocier. Emmanuel Macron a rencontré plusieurs fois Poutine, pour essayer d'entamer un dialogue. Mais les Russes, visiblement, ont soit des visées inacceptables, soit ne veulent parler qu'aux Américains", a estimé le diplomate sur Europe 1.