C'est à son tour de déambuler entre les charolaises et les porcs noirs de Bigorre. Marine Le Pen se rend au Salon de l'Agriculture mardi pour, notamment, rencontrer les éleveurs. Et contrairement aux socialistes qui s'y sont essayé avant elle, François Hollande et Manuel Valls, la présidente du Front national devrait réussir à éviter les sifflets et les huées.
"Il faut qu'elle passe une fois". De fait, Marine Le Pen, qui a prévu de signer une pétition du principal syndicat agricole, la FNSEA, sur l'étiquetage des produits alimentaires juste avant d'entrer au Salon de l'Agriculture, jouit ici d'une certaine popularité. Elle qui réalise de très bons scores électoraux dans les campagnes a l'avantage de ne pas être au pouvoir et de n'y avoir jamais été. Dans le contexte de la crise agricole, beaucoup d'éleveurs lui font donc confiance pour redresser la barre. "Je pense qu'il faut qu'elle passe une fois, qu'on change de la gauche et de la droite pour voir si cela peut changer ou pas", estime l'un d'entre eux. "Cela peut peut-être faire un déclic."
Un autre juge que l'arrivée à l'Elysée d'une Marine Le Pen, très critique à l'égard de l'Europe, serait une bonne nouvelle. "On voit que c'est la fin des quotas voulue par l'Europe qui a fait dégringoler les prix du lait, de la viande, des céréales. On est moins européen qu'on l'a été par le passé", explique-t-il.
"Quitter l'Europe est impossible". Mais le protectionnisme du Front national ne séduit pas tout le monde. "La PAC est peut-être mal faite, a certainement des problèmes, mais il est impossible de faire sans aujourd'hui", souligne Romain, éleveur dans le Pas-de-Calais. "C'est important de continuer dans cette voie. Quitter l'Europe serait un retour en arrière, c'est impossible. Il faut qu'on ait quelqu'un qui porte notre voix plus fort, qui nous défende au niveau européen." Quoi qu'il en soit, Marine Le Pen a prévu de prendre son temps. Son opération séduction dans les allées du Salon devrait durer toute la journée.