Ils risquaient leur peau. Finalement, les ministres candidats aux élections législatives ne seront pas tenus de démissionner : tous ont été élus députés à l'issue du second tour, dimanche soir. D'Annick Girardin à Richard Ferrand, en passant par Marielle de Sarnez ou Christophe Castaner, qui sont donc les six membres du gouvernement à rejoindre l'Assemblée dans les cinq ans à venir ?
- Annick Girardin, ministre des Outre-mer, élue à Saint-Pierre-et-Miquelon
La première à avoir pu pousser un ouf de soulagement est Annick Girardin. La ministre des Outre-mer a été réélue samedi soir députée de Saint-Pierre-et-Miquelon. Dans l'incertitude la plus totale après le premier tour, où elle était arrivée à égalité avec son adversaire Stéphane Lenormand (Archipel demain), la candidate PRG, naturellement soutenue par La République en marche!, l'a emporté de justesse avec 51,87%, soit un avantage de… 136 voix.
Elle fait ainsi partie de la petite poignée d'anciens ministres de François Hollande à obtenir un siège à l'Assemblée. Car avant d'être à l'Outre-mer, Annick Girardin, 52 ans, avait été nommée secrétaire d'État au Développement et à la Francophonie en avril 2014, dans le premier gouvernement Valls, avant de succéder à Marylise Lebranchu à la Fonction publique en février 2016.
À l'Assemblée nationale, la native de Saint-Malo, membre de la commission des Finances, a notamment fait voter par le passé une résolution unanime des députés affirmant les droits de la France sur le plateau continental autour de Saint-Pierre-et-Miquelon. Dans les rangs du Palais Bourbon, elle sera représentée par son suppléant Stéphane Claireaux.
- Christophe Castaner, secrétaire d'État chargé des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, élu dans les Alpes-de-Haute-Provence
Pour lui, le suspense était beaucoup moins haletant. Le député-maire de Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence, a facilement conservé son siège dans la deuxième circonscription du département. Le porte-parole du gouvernement a recueilli 61,57% des suffrages face à son opposant de La France insoumise Léo Walter (38,43%).
Lieutenant de la première heure d'Emmanuel Macron, dont il a inlassablement défendu le projet durant la campagne présidentielle, Christophe Castaner avait pourtant été élu député sous les couleurs du PS en 2012. C'est sous celles-ci qu'il a aussi acquis une certaine notoriété lors des régionales de 2015, disputées face à deux poids lourds, Christian Estrosi (LR) et Marion Maréchal-Le Pen (FN).
C'est quasiment au même moment qu'il se lie avec Emmanuel Macron en devenant rapporteur de la loi qui porte le nom de l'ancien ministre de l'Économie. Âgé de 51 ans, il rempile donc aujourd'hui pour un deuxième mandat avec, cette fois, l'étiquette REM. Sa suppléante, Emmanuelle Fontaine-Domeizel, siégera pour lui à l'Assemblée.
- Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des Territoires, élu dans le Finistère
"L'élection sera juge de paix", avait prévenu le Premier ministre à propos de Richard Ferrand, visé par une enquête préliminaire après les révélations du Canard Enchaîné ces dernières semaines. Les électeurs ont donc tranché : le ministre de la Cohésion des Territoires a été réélu dimanche à son siège de député de la sixième circonscription du Finistère, en dépit de ses ennuis avec la justice. Ceux-ci ne lui ont pas coûté plus deux points, par rapport à 2012 (58,36%), alors qu'il portait les couleurs du Parti socialiste. Il a obtenu dimanche 56,53% des voix, largement devant sa rivale LR, Gaëlle Nicolas (43,47%).
"Les Bretonnes et les Bretons nous ont fait confiance parce qu'ils ont jugé le travail effectué depuis cinq ans et parce qu'ils nous font confiance pour mener le travail qui sera à conduire à la fois pour notre pays et à la fois pour notre territoire", a déclaré Richard Ferrand devant sa permanence à Châteaulin.
L'élu de 54 ans continue donc sa route aux côtés d'Emmanuel Macron, dont il a structuré le parti dès ses débuts, après 37 ans de cotisation au Parti socialiste. Ce sera sa suppléante Laëtitia Dolliou qui siégera à l'Assemblée nationale.
- Marielle de Sarnez, ministre des Affaires européennes, élue à Paris
Fragilisée elle aussi par une enquête préliminaire pour emploi fictif, Marielle de Sarnez, tout comme Richard Ferrand, n'a pas payé sa situation dans les urnes. La ministre des Affaires européennes a été élue haut la main dans la 11ème circonscription de Paris. L'eurodéputée de 66 ans, dont 35 en tant que bras droit de François Bayrou, a récolté 63,51% des voix devant le candidat LR Francis Szpiner (36,49%). Candidate MoDem soutenue par la République en marche!, elle obtient donc le siège du député PS sortant Pascal Cherki.
Et elle connaît bien la capitale, pour y être née et y avoir mené une grande partie de sa carrière. Présidente de la fédération UDF de Paris en 2006 puis du MoDem Paris en 2008, elle est notamment élue conseillère de Paris en 2001 dans le 14ème arrondissement sur une liste d'union RPR-UDF. Battue aux législatives en 2007, elle retrouvera en 2008 un siège au Conseil de Paris sur une liste MoDem (9,08% aux municipales) avant de démissionner en avril 2010 pour se consacrer à son mandat au Parlement européen, ou elle est réélue en 2004, 2009, et 2014. À l'Assemblée, la ministre sera suppléée par Maud Gatel, 38 ans.
- Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, élu dans l'Eure
Bruno Le Maire n'a pas eu non plus de difficultés à se faire réélire député dans la première circonscription de l'Eure, obtenant 64,53% contre 35,47% à son adversaire du second tour Fabienne Delacour, candidate du FN. Le ministre de l'Économie, qui avait échoué en novembre à incarner "le renouveau" lors de la primaire de son camp, entame donc sa route aux côtés d'Emmanuel Macron de la façon dont il l'espérait.
Le Parisien de 48 ans confirme par ailleurs son ancrage politique dans l'Eure, où sa grand-mère a eu une maison, et où il s'est fait élire député en 2007. "Cette victoire, c'est votre victoire et c'est la plus belle de mes trois victoires aux élections législatives car c'est sans doute celle qui était la moins écrite à l'avance", a déclaré le député dans une vidéo diffusée sur Twitter. "Vous pouvez compter sur moi pour être un acteur de cette recomposition politique partout en France", a-t-il affirmé, saluant la victoire de ses homologues REM à ces élections législatives.
Restant ministre, Bruno Le Maire sera représenté à l'Assemblée par Séverine Gipson, maire d'une petite commune rurale du département.
- Mounir Mahjoubi, secrétaire d'État au Numérique, élu à Paris
Au premier tour, il avait fait tomber le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis. Dimanche soir, le secrétaire d'État chargé du Numérique et candidat de la République en marche! Mounir Mahjoubi s'est adjugé la 16e circonscription de Paris d'une courte tête avec 51,18% des voix, devant la candidate de la France insoumise Sarah Legrain (48,82%).
Benjamin du gouvernement à 33 ans - et ancien socialiste - il avait rejoint l'actuel chef de l'État en janvier dernier pour prendre la tête de la campagne numérique à la présidentielle.
Interrogé sur France Info sur son poste au sein du gouvernement, ce "geek" autodidacte a répondu que c'était "la décision du Premier ministre et elle sera prise dans les prochaines heures, prochains jours". S'il venait à être conservé, ce qui semble très probable, il sera représenté à l'Assemblée par sa suppléante, Delphine O.