"Il est nécessaire d'accompagner les gens" pour qu'ils puissent s'adapter à la transition écologique, a estimé dimanche Emmanuel Macron dans une interview à la chaîne américaine CBS, en regrettant d'avoir commis "l'erreur" d'en "sous-estimer l'impact sur la classe moyenne" en 2018. En allusion au mouvement des "gilets jaunes" en 2018, le président français, qui répondait aux questions en anglais depuis l'Elysée, est revenu sur la nécessité de "largement transformer notre économie, en augmentant le prix du carbone" mais d'une manière "réalisable" pour la population.
"D'autant plus convaincu que j'ai moi-même fait des erreurs auparavant"
"Si vous allez à la Maison-Blanche ou au palais de l'Elysée pour dire : maintenant, il va falloir vous adapter et payer plus cher, je peux vous assurer que vous accroîtrez les inégalités sociales. J'ai moi-même fait une erreur de ce genre, en 2018, lorsque nous avons sous-estimé les effets de ce type de mesures sur la classe moyenne", a-t-il dit. "Il faut accepter d'investir de l'argent public dans ces transitions pendant plusieurs années" et "changer les modèles économiques et le comportement des investisseurs afin de financer les investissements verts et de pénaliser ceux qui ne suivent pas ce mouvement".
"Cependant, pour que cette révolution ait lieu, nous devons aider les classes moyennes et les foyers modestes à nous suivre", a-t-il insisté. "Je peux vous dire en toute humilité que j'en suis d'autant plus convaincu que j'ai moi-même fait des erreurs auparavant", a-t-il répété. Il a par ailleurs souhaité que la Chine aille plus loin dans ses engagements de réduction des gaz à effet de serre - Pékin vise une neutralité carbone en 2060 - avant un sommet international sur le climat les 22 et 23 avril initié par le président américain Joe Biden. Avec Angela Merkel, le chef de l'Etat l'a redit au président chinois Xi Jinping vendredi.
Macron regrette la "naïveté" des Occidentaux face à la Russie
Interrogé sur l'activité des troupes russes à la frontière ukrainienne, il a expliqué être prêt à "sanctionner" la Russie en cas d'attaque mais regretté "l'échec de crédibilité" et la "naïveté" des Occidentaux. "L'invasion de l'Ukraine il y a quelques années n'a pas signé l'échec de la diplomatie, mais bien l'échec de notre crédibilité collective vis-à-vis de la Russie. Lorsque nous traçons des lignes rouges, nous devons veiller à ce qu’elles soient respectées d'un côté comme de l'autre, et nous devons faire preuve de clarté et de fermeté. Il s'agit en réalité de l'échec d'une approche naïve vis-à-vis de la Russie", a-t-il lancé.
Depuis son arrivée au pouvoir, le président Joe Biden a adopté un ton très ferme envers Moscou. Il a annoncé jeudi une série de sanctions financières sévères contre la Russie et l'expulsion de dix diplomates russes, tout en renouvelant sa proposition d'un sommet avec Vladimir Poutine. "Nous devons sanctionner tout comportement inacceptable. Nous l'avons fait après les événements en Ukraine" (l'annexion de la Crimée, ndlr), a commenté Emmanuel Macron. "Selon moi, les sanctions ne sont en aucun cas suffisantes, mais elles font partie des instruments à notre disposition".