Tensions franco-algériennes : «L'intérêt de la France, c'est de dire "maintenant, ça suffit"», avance Édouard Philippe
"L'intérêt de la France, c'est de dire 'maintenant, ça suffit'", a avancé Édouard Philippe, ancien Premier ministre et candidat à l'élection présidentielle de 2027, invité de La Grande interview Europe 1-CNews mardi, après les vives tensions entre la France et l'Algérie.
L'Algérie a refusé lundi la liste de noms d'une soixantaine d'Algériens à expulser que la France lui a soumise il y a quelques jours, une démarche qui est "rejetée sur la forme et le fond" par Alger, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Par la suite, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a promis "une réponse graduée".
Invité de La Grande interview Europe 1-CNews mardi, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe a insisté sur la nécessité de clarifier la position française. "Notre différend est une tension qu’il faut assumer avec le gouvernement algérien, pas avec le peuple algérien ni avec les Français d’origine algérienne". Selon lui, Alger utilise la France comme un bouc émissaire pour des raisons de politique intérieure, une attitude qu’il juge inacceptable.
En conséquence, Édouard Philippe prône la fin des accords de 1968, qui accordent un statut dérogatoire aux ressortissants algériens en matière de séjour et de travail, estimant qu’il n’y a aucune raison de maintenir cet avantage si l’Algérie ne respecte pas ses obligations.
Édouard Philippe contre l'idée de théâtraliser un affrontement politique
Interrogé sur une éventuelle crainte de tensions en France, notamment au sein de la communauté d’origine algérienne, le maire du Havre ne nie pas que cette dimension soit prise en compte. "Il n'est pas anormal d’y réfléchir, ce serait inconséquent de ne pas y réfléchir et donc peut-être que cela rentre en ligne de compte s'agissant du Président. On a une histoire tellement imbriquée et une population d'origine algérienne tellement importante en France qu'on sait bien que si nous ne faisons pas les choses bien, si nous donnons le sentiment que c'est une réaction contre le peuple algérien et pas contre un gouvernement algérien qui nous désigne comme la cause de tous ces problèmes, alors il peut y avoir des crispations", a-t-il tranché. Pour lui, l’enjeu reste avant tout de défendre les intérêts de la France et de dire "maintenant, ça suffit".
La position de Bruno Retailleau, qui met en balance la démission du ministre de l’Intérieur en cas d’inaction sur le sujet, est également évoquée. Si Édouard Philippe partage son analyse sur la nécessité de revoir ces accords, il se montre plus réservé quant à l’idée de théâtraliser un affrontement politique : "La démission d'un gouvernement est une arme à la disposition de chaque ministre, mais je ne suis pas sûr qu’il faille la mettre en scène."