"Nous avons des outils obsolètes" pour mener à bien la transition écologique. Invitée mardi du Forum Europe 1 Liberté, Egalité, Fraternité, organisé au Bataclan, la secrétaire d’Etat Brune Poirson a témoigné des difficultés pour le gouvernement de mener à bien certaines réformes en matière écologique. Elle prévient : seul, l’Etat ne pourra pas apporter toutes les réponses.
"Le mont Ventoux en tongs". "La transition écologique, c’est tout simplement mieux vivre. Mieux se chauffer, mieux se loger, travailler dans une entreprise qui a du sens, mieux se déplacer. Ça, c'est la vision. Mais ensuite, vous devez avoir des outils. Et nous, nous avons des outils obsolètes. C'est comme si vous souhaitez grimper le mont Ventoux en tongs. Cela ne fonctionne pas, il faut des chaussures adéquates", métaphore la native du Vaucluse.
En quoi les outils de l’Etat sont-ils obsolètes ? "L'Etat est organisé sur le modèle d'une entreprise fordiste du 20e siècle. Il y a des lignes en silos. L’Agriculture ne doit pas parler à l’économie, qui ne doit pas parler à l’écologie etc. On travaille, on ‘désilote’, mais ce n'est pas toujours facile", assure la secrétaire d’Etat.
Et d’enchaîner : "Alors on fixe un cadre. Mais c'est la maladie des hommes politiques de faire des cadres. On fait des lois, et après plus rien ne se passe. Alors qu'une loi, c'est seulement 10% du travail. Quand on fait une loi, on fait les plateaux télés, mais ça ne suffit pas. Il y a un travail de fourmis à faire pour mettre en œuvre, pour convaincre. Le problème aujourd'hui, c'est que la mise en œuvre, quand on est un politique, ça ne rapporte pas".
"On tâtonne, on n’a pas toutes les réponses". Brune Poirson cite en exemple la fermeture des centrales nucléaires, qui patine, ou encore la mise en place d’un vaste système de recyclage du plastique. "C'est pareil pour tout", alerte Brune Poirson. "Vous avez un million de personnes qui signe une pétition pour interpeller l’Etat sur l'environnement et au même moment, un mouvement social de salariés dans les centrales à charbon, que nous fermons, pour nous dire ‘vous allez trop vite.’ C'est l'une des contradictions qu'il faut résoudre", poursuit la secrétaire d’Etat.
Selon elle, tout ne doit donc pas être porté par l’Etat. Si les citoyens ont leur rôle à jouer, Brune Poirson en appelle surtout aux entreprises et aux collectivités locales. "Il faut laisser le plus de pouvoirs possibles au niveau local, aux villes et aux régions. La situation est d’une difficulté telle, d’une complexité telle, qu’il est de notre responsabilité de dire, parfois, ‘je ne sais pas’. Oui, on tâtonne, on n’a pas toutes les réponses. L’Etat est un intermédiaire et nous devons créer la confiance", conclut-elle.