Les positions protectionnistes du nouveau président américain Donald Trump face au bloc européen peuvent paradoxalement être "une opportunité" pour l'Europe en renforçant son unité, a estimé mardi le commissaire européen Pierre Moscovici devant des journalistes.
"S'unifier d'avantage". "Il faut que les Européens resserrent les rangs vite", car "seule l'union des Européens peut nous sauver du déclin", a déclaré Pierre Moscovici, citant l'opportunité que constitue à ses yeux lui le sommet européen prévu vendredi à La Valette. "Trump peut être une opportunité pour l'Europe, celle du sursaut, celle de l'union, celle de la relance. Cette nouvelle donne est porteuse d'opportunités" pour des Européens mis au défi, a plaidé le Français. "Le 'Trumpisme' nous oblige à nous unifier davantage", a ajouté le commissaire européen aux Affaires économiques.
Le nouveau président américain a heurté les Européens en se réjouissant ouvertement du Brexit et en tablant sur une poursuite de la fragmentation de l'UE après le départ des Britanniques. Il a aussi eu des mots très critiques pour l'Otan, qu'il a qualifiée d'organisation "obsolète". Plusieurs dirigeants européens ont par ailleurs condamné sans détour, en ordre dispersé, le récent décret anti-immigration de Donald Trump, qui interdit temporairement l'entrée aux Etats-Unis des ressortissants de sept pays à majorité musulmane et de tous les réfugiés.
"Ce décret n'est pas acceptable". Sur ce point, "je ne peux que partager les convictions d'Angela Merkel", la chancelière allemande, a dit Pierre Moscovici. "On ne peut pas discriminer les citoyens du monde en fonction de leur religion, stigmatiser une religion parce qu'il y a eu telle ou telle menace et que le caractère anti-musulman de ce décret n'est pas acceptable", a-t-il observé. "Cette Amérique-là n'est pas conforme aux valeurs qui nous sont communes, à celles qui ont fait la grandeur de ce pays (les Etats-Unis). On ne peut pas s'y reconnaître", a tranché Pierre Moscovici. "Le rôle de l'Europe est de construire des ponts humains", de "préserver le modèle européen fondé sur les classes moyennes", de "ne pas renoncer à la lutte contre le changement climatique", a jugé le commissaire français.