A un an et demi de la fin de son mandat, François Hollande commence déjà à faire l'inventaire. Et l'un de ses regrets fait déjà des vagues. Dans un livre qui paraît cette semaine, le chef de l'Etat confie qu'il n'aurait pas dû supprimer la TVA sociale décidée par Nicolas Sarkozy. Une déclaration qui suscite du remous à droite comme à gauche.
"Je ne serais pas allé aussi loin". Si c'était à refaire, "je ne serais pas allé aussi loin, j'aurais gardé l'augmentation de la TVA décidée par Nicolas Sarkozy pour boucler le budget qu'il nous avait laissé", explique François Hollande, cité par la journaliste du Monde Françoise Fressoz dans Le stage est fini (Albin Michel).
Nicolas Sarkozy avait fait voter en 2011 une augmentation de la TVA destinée à financer un allègement des charges pour les entreprises. Une mesure insupportable pour la gauche et abrogée par François Hollande dès l'été 2012. Même si, quelques mois plus tard, le gouvernement a finalement augmenté les taux de la TVA, une hausse entrée en vigueur début 2014...
Ricanements à droite. Dans l'opposition, on raille l'aveu présidentiel. "Tout arrive !", ironise François Fillon sur Twitter. "François Hollande fait un léger mea culpa, il devrait en faire un énorme lorsqu'on voit dans quel état il a mis la France", s'agace sur Europe 1 Sébastien Huygue, porte-parole du parti Les Républicains. Pour lui, François Hollande "a passé la première partie de son mandat à détricoter tout ce que Nicolas Sarkozy avait fait". "Hollande regrette la seule promesse qu'il a tenue (un temps)", a tweeté de son côté Florian Philippot, vice-président du Front national.
Crispations à gauche. Mais les confidences de François Hollande font aussi des vagues à gauche. Faire ce mea culpa, "c'est admettre qu'il y a une similitude assez forte entre la politique qu'avait menée Sarkozy et la politique que nous avons menée en arrivant au pouvoir", estime sur Europe 1 le député socialiste Laurent Baumel, l'un des chefs de file des "frondeurs" qui contestent la politique du gouvernement. "Hollande aurait mieux fait de rester fidèle à son programme de départ, qui comportait effectivement l'annulation de la TVA, mais pas son rétablissement quelques mois plus tard".
Les frondeurs apprécieront sûrement cette autre confidence du chef de l'Etat : "j'ai engagé des réformes qui ne sont pas toutes de gauche mais servent l'intérêt général". François Hollande ajoute, sévère pour son camp : "j'ai fait le pari que la gauche était devenue mature, que, minoritaire dans le pays, elle serait capable de comprendre qu'elle devrait faire bloc pour gouverner ; mon constat, c'est qu'une partie de la gauche ne l'admet pas". Pas de quoi calmer les tensions au PS.