«Un immense patriote», «Un ennemi de la République»... La classe politique réagit à la mort de Jean-Marie Le Pen
La classe politique réagit peu à peu ce mardi à la mort de Jean-Marie Le Pen, cofondateur du Front national, à l'âge de 96 ans. Le président du RN Jordan Bardella salue un homme qui "a toujours servi la France", quand le leader LFI Jean-Luc Mélenchon dénonce une personnalité qui a apporté la haine et le racisme dans le débat public. L'Élysée a également réagi.
C'est "une page de l'histoire politique française qui se tourne", écrit le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur X. Jean-Marie Le Pen, cofondateur du Front national, finaliste de l'élection présidentielle à la surprise générale en 2002, est mort à 96 ans à l'hôpital de Garches dans les Hauts-de-Seine.
Sa fille Marine Le Pen a appris sa mort lors d'un déplacement à Mayotte, en présence de journalistes dont l'envoyé spécial d'Europe 1 Alexandre Chauveau. La cheffe de file des députés du Rassemblement national n'a pas souhaité réagir pour le moment.
Retailleau, Bayrou... La réaction des membres du gouvernement
Certains responsables politiques de premier plan ont salué la mémoire de cette figure de l'extrême droite, à l'instar de Bruno Retailleau. "Quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir de Jean-Marie Le Pen, il aura incontestablement marqué son époque", poursuit le locataire de la Place Beauvau sur X.
Le Premier ministre François Bayrou s'est aussi exprimé, peu après Bruno Retailleau. "Au-delà des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond, JM Le Pen aura été une figure de la vie politique française. On savait, en le combattant, quel combattant il était", a souligné le chef du gouvernement.
Pour l'Élysée, Jean-Marie Le Pen a joué un rôle qui "relève désormais du jugement de l'Histoire"
En ce 7 janvier 2025 largement consacré aux commémorations de l'attentat de Charlie Hebdo, perpétré il y a tout juste dix ans, le président Emmanuel Macron n'a pas encore réagi personnellement à la mort du cofondateur du FN.
L'Élysée a affirmé en début d'après-midi que Jean-Marie Le Pen avait joué un "rôle dans la vie publique" qui "relève désormais du jugement de l'Histoire".
Jean-Marie Le Pen "a toujours servi la France", affirme Bardella
Du côté du Rassemblement national, héritier du parti cofondé par Jean-Marie Le Pen, on salue également sa mémoire. Ce dernier "a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté", dans "l'armée française en Indochine et en Algérie", ou en tant que "tribun du peuple", a déclaré le président du RN Jordan Bardella.
Jean-Marie Le Pen était "un immense patriote, visionnaire et une incarnation du courage", pour Sébastien Chenu, député RN du Nord. Pour lui, la disparition de cette figure de l'extrême droite française "est aussi la disparition d’un Homme d’une immense culture, qui a porté l’espoir de millions de Français. Il aimait la France, il est entré (dans) son Histoire."
"La fin d'une page de la Ve République", affirme Eric Ciotti
À l'origine d'une alliance entre Les Républicains et le Rassemblement national, Éric Ciotti a estimé que Jean-Marie Le Pen "était profondément français" et qu'il avait "servi la France avec passion, de pupille de la nation à candidat au second tour de la présidentielle", en 2002.
"Sa disparition marque la fin d'une page de la Vème République. C’était un homme complexe, aux zones d’ombres mais aussi au courage et au patriotisme sincère (...) J'appelle à respecter la dignité et l'intimité de sa famille en cette période de deuil", a-t-il posté sur X, partageant ses pensées envers la famille du cofondateur du FN.
"Parmi les premiers à alerter la France des menaces existentielles qui la guettaient", selon Zemmour
Éric Zemmour, classé à l'extrême droite de l'échiquier politique, a mis en avant le combat politique de Jean-Marie Le Pen, dans une publication sur X.
"Par-delà les polémiques, par-delà les scandales, ce que nous retiendrons de lui dans les prochaines décennies, c'est qu'il fut parmi les premiers à alerter la France des menaces existentielles qui la guettaient. Il restera la vision d'un homme, et son courage, à une époque où les hommes courageux n'étaient pas si nombreux", a soutenu le président de Reconquête !
"Le combat contre l'homme est fini", "celui contre la haine, le racisme (...) continue", écrit Mélenchon
Son de cloche radicalement différent du côté de La France insoumise. Jean-Luc Mélenchon a estimé mardi que si le "combat" contre Jean-Marie Le Pen était "fini" après le décès à 96 ans du fondateur du Front national, celui "contre la haine, le racisme, l'islamophobie et l'antisémitisme (...) continue".
"Le respect de la dignité des morts et du chagrin de leurs proches n'efface pas le droit de juger leurs actes. Ceux de Jean-Marie Le Pen restent insupportables. Le combat contre l'homme est fini. Celui contre la haine, le racisme, l'islamophobie et l'antisémitisme qu'il a répandus, continue", a écrit le leader de LFI sur X.
"Il n'était pas 'un grand serviteur de la France'", a embrayé Manuel Bompard, le coordinateur de La France insoumise. "C’était un nostalgique de la collaboration, un responsable de la torture, un raciste et un antisémite. C’était un ennemi de la République", a-t-il asséné sur X, regrettant "les hommages dégoulinants de ses héritiers aujourd’hui" qui "nous rappellent que ses idées demeurent et que la lutte antifasciste reste d’une actualité brûlante."