Un député égyptien invité par le Front national (FN) à s'exprimer mardi sur l'islam radical à l'Assemblée nationale a suscité une polémique en raison de positions jugées "complotistes et antisionistes" par un spécialiste de l'islamisme, contredisant la volonté de Marine Le Pen de laver son parti de tout antisémitisme.
Proche du pouvoir égyptien. Député proche du pouvoir égyptien, Abderrahim Ali, qui se présente comme le directeur du Centre d'études sur le Moyen-Orient, a été invité par le député FN Louis Aliot à participer à une conférence de presse commune avec la présidente du FN. Les deux élus y ont fustigé "le niveau d'investissement" en France des Frères musulmans et du Qatar. Or, Abderrahim Ali est "obsédé par le prétendu 'complot' sioniste" et considère "qu'al-Jazeera est une 'chaîne sioniste'", a estimé sur Twitter le spécialiste français des mouvements djihadistes Romain Caillet.
"Cela ne veut pas dire que nous partageons toutes ses analyses." Le délégué du FN chargé des études Jean Messiha a répondu à Romain Caillet que ce député était "un proche du (président égyptien) Sissi en charge de la lutte contre l'influence des Frères musulmans en Europe. C'est à ce titre qu'il a été reçu", mais cela "ne veut pas dire que nous partageons toutes ses analyses". Sur le site de son Centre, Abderrahim Ali affirme que "le complot contre l'Égypte est permanent depuis la victoire sur Israël pendant la guerre d'octobre 1973". "Les États-Unis et Israël font tout ce qui leur est possible pour empêcher que cette victoire ne se répète" et "les auteurs de ce complot n'ont rien trouvé de mieux que le groupe terroriste des Frères musulmans pour diviser la région et l'affaiblir".
Contradiction avec la "dédiabolisation". Le politologue spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus estime que cette invitation "contredit complètement" la démarche de "dédiabolisation" engagée par Marine Le Pen depuis son arrivée à la tête du FN en 2011. "On est en pleine diabolisation." Il se demande comment le FN peut, après les violences à Gaza, "expliquer qu'Israël a raison de taper sur les Palestiniens" et "en même temps, organiser une conférence de presse avec un individu qui, certes, est un ennemi des islamistes, mais en même temps un complotiste antisémite". "Cela affaiblit le propos contre les Frères musulmans", selon lui.