Les reliques conservées par Alexandre Benalla après son passage à l’Elysée s’accumulent. Outre les deux passeports diplomatiques qu’il a été sommé de restituer début janvier après un voyage polémique en Afrique, l’ancien chargé de mission d’Emmanuel Macron, limogé suite à l’affaire du 1er-Mai, disposait encore de deux passeports spéciaux, dits "de service", et qui n’auraient pas non plus été restitués au moment de son départ, selon une information du Canard enchaîné.
Deux laissez-passer. L’un de ces documents a été établi lorsqu’Alexandre Benalla travaillait à la délégation interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer, précise l’hebdomadaire. L’autre aurait été délivré le 28 juin 2018, soit quelques semaines seulement avant qu’un article du Monde ne médiatise sa participation à une échauffourée entre CRS et manifestants, place de la Contrescarpe à Paris en marge des défilés du 1er mai. Au total, Alexandre Benalla a donc quitté l'Elysée avec quatre passeports spéciaux.
Un téléphone à 2.500 euros. L’ex-garde du corps aurait également conservé le téléphone sécurisé dont il disposait à l’Elysée : un modèle "Teorem" secret-défense, fabriqué par Thalès pour la bagatelle de 2.500 euros, précise encore le palmipède. Utilisé par le président lui-même et les plus hauts personnages de l’Etat, cet appareil de haute technologie doit en principe être restitué à chaque départ. Dans le cas contraire, son détenteur tombe sous le coup de la justice et risque jusqu’à trois ans de prison et 45.000 euros d’amende.
Nouvelles auditions. Le téléphone et le passeport délivré en 2018 ont finalement été restitués à la présidence et au ministère de l’Intérieur le 11 janvier par l’avocate d’Alexandre Benalla, après une nouvelle sollicitation de Patrick Strzoda, le directeur de cabinet du président de la République. Ce dernier avait déjà réclamé par courrier des éclaircissements sur l’utilisation des autres passeports, rendus quant à eux aux enquêteurs début janvier.
Patrick Strzoda pourrait d’ailleurs bien être interrogé par les sénateurs sur ces nouvelles révélations. Ce proche d’Emmanuel Macron est attendu mercredi devant la commission d’enquête sénatoriale ouverte sur l'affaire Benalla, et qui a également prévu d'auditionner Christophe Castaner et Jean-Yves Le Drian.