Emmanuel Macron a jugé lundi soir "parfaitement inacceptable" que des affiches de l'hebdomadaire Le Point, dont la Une présente le président turc Recep Tayyip Erdogan comme un "dictateur", soient retirées des kiosques de presse "au motif qu'elles déplaisent aux ennemis de la liberté". "La liberté de la presse n'a pas de prix : sans elle, c'est la dictature", a réagi sur Twitter le président de la République.
Il est parfaitement inacceptable que des affiches de @LePoint soient retirées des kiosques de presse au motif qu’elles déplaisent aux ennemis de la liberté, en France comme à l’étranger. La liberté de la presse n’a pas de prix : sans elle, c’est la dictature.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 28 mai 2018
Un peu plus tôt, la ministre de la Culture Françoise Nyssen avait elle aussi réagi sur Twitter : "La liberté de la presse repose sur la liberté de distribution. Nous ne pouvons tolérer aucune menace contre les kiosquiers. Inacceptable. @LePoint".
La pression de militants pro-Erdogan. Le Point a dénoncé dimanche une campagne de "harcèlement" après la parution de son dernier numéro consacré à Erdogan. "Après une semaine de harcèlement, d'insultes, d'intimidation, d'injures antisémites et de menaces à notre attention sur les réseaux sociaux, voici venu le moment où les sympathisants (du parti du président turc) AKP s'attaquent aux symboles de la liberté d'expression et de la pluralité de la presse", a dénoncé Le Point sur son site. Vendredi, au Pontet, dans le Vaucluse, un kiosquier a fait retirer une affiche de cette Une des façades de son kiosque sous la pression d'un groupe de militants pro-Erdogan.
La scène a été largement relayée sur les réseaux sociaux :
Des #Turcs d'Avignon ont fait retirer la Une de @LePoint de la devanture d'un kiosque, par un agent de @JCDecaux_France. L'hebdomadaire avait qualifié le président #Erdogan de #dictateur. pic.twitter.com/3EMsPt9waq
— Turquie360 (@turquie360) 26 mai 2018
Même scène à Valence. La mairie du Pontet a demandé samedi à la société d'affichage de remettre l'affiche, ce qui a été fait, provoquant l'arrivée d'une vingtaine de personnes pro-Erdogan. La gendarmerie a envoyé alors plusieurs hommes pour maintenir l'ordre. Dimanche cependant, la Une du Point a de nouveau été cachée par d'autres affiches pro-Erdogan. Le Point indique que des militants ont également retiré l'affiche d'un kiosque de Valence, dans la Drôme. "C'est incroyable ! Ils pensent qu'il leur est possible de pratiquer leur censure en France", a protesté le directeur du Point, Étienne Gernelle, à l'AFP, s'interrogeant sur l'éventualité d'une action en justice.