Le projet de loi qui réintroduit pour les betteraviers l’usage des néonicotinoïdes, des pesticides controversés car néfastes pour les abeilles, arrive lundi devant l’Assemblée nationale. Cette réintroduction temporaire, et polémique, doit permettre aux agriculteurs de lutter contre une invasion de pucerons verts qui détruisent les plants. "Je demande aux députés de ne pas voter cette loi sur les néonicotinoïdes", a toutefois lancé lundi, au micro d'Europe Matin, l'eurodéputé EELV Yannick Jadot. "Je les appelle à ne pas subir la pression des lobbies des pesticides, je les appelle à être responsables devant l’ensemble des citoyens."
"Une fuite en avant"
Ce projet de loi "est une fuite en avant qui tue les agriculteurs et les abeilles !", dénonce encore l’ancien candidat à la présidentielle. Yannick Jadot l’assure, la filière est en mesure de se passer de ce produit. "J’étais encore la semaine dernière avec des betteraviers qui s’en passent, en augmentant le nombre de rotations, en faisant en sorte que le sol se défende mieux", rapporte Yannick Jadot.
"Ils ont des haies, des zones enherbées, ce qui fait que les pucerons sont mangés par d’autres espèces", explique-t-il. "Ils ne sont pas soumis à la contrainte absolue du rendement, ce qui fait qu’ils ont semé un peu plus tard, et sont moins impactés par ces fameux pucerons."
Un nouveau modèle d'agriculture
Car aux yeux de Yannick Jadot, l’impératif de rendement et les contraintes imposées par la mondialisation sont responsables des pressions subies par les agriculteurs. "Ce ne sont pas les pucerons qui tuent la filière de la betterave, c’est la concurrence internationale", assure-t-il. "On a aujourd’hui une filière du sucre qui est en énorme difficulté. Les betteraviers ont été obligés, sur les trois dernières années, de réduire leurs coups de 40% pour faire face aux Brésiliens", relève-t-il.
"Est-ce que notre modèle c’est d’être compétitif avec des pays qui ne respectent pas les normes environnementales et sociales, ou de faire une filière pour les Européens, avec des revenus décents, avec des prix décents et la protection de l’environnement ?", interroge le député européen.