Yannick Jadot, vainqueur d'une courte tête mardi de la primaire des écologistes face à Sandrine Rousseau, sera le candidat des Verts à l'élection présidentielle de 2022. L'eurodéputé de 54 ans, à la ligne plus pragmatique, a obtenu au second tour 51,03% contre 48,97% pour sa concurrente "éco-féministe". Yannick Jadot vainqueur de la primaire écologiste, ça ne fait pas les affaires des autres candidats de gauche.
Jadot peut ratisser large
Dans la grande famille de la gauche tout le monde ou presque espérait secrètement une défaite de Yannick Jadot, beaucoup moins clivant que Sandrine Rousseau, la candidate éco-féministe. Le profil davantage "rassembleur" de Yannick Jadot va lui permettre de grapiller des voix précieuses à chacun de ses concurrents direct.
Des insoumis de Jean-Luc Mélenchon, aux socialistes d’Anne Hidalgo, en passant par les défenseurs de la "remontada" d’Arnaud Montebourg, Yannick Jadot peut ratisser large. Aujourd’hui, la gauche est éparpillée et finalement l’écologie est bien le thème vers lequel tous convergent. Pour Nicolas Beytout, directeur de L'Opinion, c'est une mauvaise nouvelle supplémentaire pour la maire de Paris. "La candidate a tout raté depuis son entrée en campagne, et ses propositions sur le doublement des salaires des profs ou sur la réduction de la vitesse sur l'autoroute ont fait flop", affirme-t-il.
En outre, le candidat des Verts va mordre sur son électorat. "Yannick Jadot sera à gauche, l'original écolo qui fera de l'ombre à la copie", assène Nicolas Beytout. "S'il parvient à élargir sa vision et son programme, il peut séduire une France convaincue qu'il y a une exigence écologique."
Un périlleux jeu d'équilibriste
L’ancien directeur de campagne de GreenPeace France compte bien miser sur cette stratégie. Ce n'est pas un hasard si en avril dernier, c’est lui qui était à l’initiative d’une réunion de responsables de la gauche pour tenter de s’accorder sur un candidat commun. Du côté de la République en Marche aussi, cette victoire de l’eurodéputé vert n’est pas spécialement une bonne nouvelle. Jadot et son écologie de gouvernement peut toucher la frange des macronistes particulièrement sensibles aux questions d’environnement.
Reste qu’après cette victoire étriquée, Yannick Jadot va tout de même devoir composer avec la radicalité des idées de Sandrine Rousseau pour fédérer au sein de son propre camp. Le résultat serré de la primaire montre "que les Verts sont profondément divisés entre les réalistes, comme Yannick Jadot, et ceux qui veulent déconstruire la société comme Sandrine Rousseau", analyse Nicolas Beytout.
"Le problème pour le vainqueur va être de bâtir l'unité derrière lui sur un programme qui ne soit pas le mixte abâtardi de deux projets politiques antagonistes", poursuit le directeur de L'Opinion. Mais si le candidat des Verts garde une ligne réaliste, "il pourrait perturber le jeu de la campagne présidentielle". En fait, s’il veut ratisser large sur l’échiquier politique, Yannick Jadot est condamné à un périlleux jeu d’équilibriste.
Un programme "d'écologie de gouvernement"
Pour ratisser des voix, Yannick Jadot va devoir rassembler autour de son programme qu'il qualifie "d'écologie de gouvernement". S'il ne défend pas une écologie décroissante, ni anticapitaliste, le candidat des Verts à l'élection présidentielle se montre pragmatique. Il veut une écologie au-dessus du clivage droite-gauche. Parmi ses principales mesures, un plan de relance de 50 milliards d'euros par an pour investir dans l'innovation et les énergies renouvelables et la sortie du nucléaire sur 15 à 20 ans. Yannick Jadot veut également interdire la vente de voitures diesel et thermiques à l'horizon 2030, les élevages en cage et progressivement, l'élevage industriel.
Le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, salue le processus de la primaire qui a désigné Yannick Jadot comme candidat, et il se montre optimiste : "Je pense que nous pouvons avoir un président écologiste en France". Dans une enquête de l'institut Harris Interactive, Yannick Jadot est crédité de 6% d'intention de vote au premier tour.