Dinah, 14 ans, s'est suicidée début octobre au domicile de ses parents, à Kingersheim, près de Mulhouse. La jeune fille était victime de harcèlement scolaire de la part de ses camarades depuis deux ans, et sa mère dénonce aujourd'hui l'inaction du collège. Une enquête a été ouverte par le parquet afin de déterminer si c'est bien le harcèlement qui a poussé l'adolescente à mettre fin à ses jours. Invité d'Europe Matin lundi au micro de Sonia Mabrouk, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, était interrogé sur ce drame, et plus largement sur les violences en milieu scolaire. Il a exprimé sa profonde tristesse face à la situation, mais a appelé "à ne pas s'emballer".
"Ca doit nous alerter sur les phénomènes de violence de toutes sortes qui traversent notre société et nous agissons déjà sur cette question avec le plan pHARe que j'ai élaboré il y a trois ans et qui prévoit des sanctions sévères", a-t-il posé. "Mais il ne faut pas s'emballer à chaque situation et savoir raison garder pour faire les choses de façon juste. Donc il faut garder son sang-froid. Tous ces faits doivent être signalés et suivis de sanctions mais avoir des suites pénales pour des évènements qui se passent en milieu scolaire est déjà assez nouveau", a-t-il insisté.
Face au harcèlement, "il faut rester raisonnable"
Cependant pour Jean-Michel Blanquer, les harceleurs doivent tout de même rester scolarisés. "On ne peut pas exclure ad vitam aeternam quelqu'un qui a été harceleur. C'est complexe. C'est l'adolescence, avec tout ce que ça signifie", a encore jugé le ministre pour qui de la prison ferme pour les élèves auteurs de violences envers des professeurs est une mesure inenvisageable.
Concernant l'adolescent qui avait poussé sa professeure à terre en Seine-et-Marne et a écopé de cinq mois de prison avec sursis, il a par ailleurs estimé que "ce n'est pas rien" pour un mineur. "Cet élève va être rescolarisé dans une structure spécialisée donc il ne lui arrive pas rien. On ne peut pas non plus l'envoyer au bagne à perpétuité. Il faut rester raisonnable", a encore appelé Jean-Michel Blanquer.
Le "pas de vagues" est un "cliché" sur l'Education nationale, assure Blanquer
Il l'a assuré, le laxisme "ne fait pas partie de son registre". "Il y a beaucoup de clichés sur l'Education nationale, notamment le fameux 'pas de vagues', qui serait soi-disant notre doctrine. Mais ce n'est absolument pas ce que j'ai demandé d'appliquer depuis 2017. Et on observe qu'il y a moins d'auto-censure, les professeurs savent que s'ils signalent, il y a un suivi, les chefs d'établissements savent également qu'ils ne sont pas évalués sur le nombre de signalements, mais au contraire sur la capacité à établir un bon climat scolaire."