Malgré une campagne qui ne passionne pas les citoyens, et pour laquelle l'abstention devrait une nouvelle fois être élevée, la composition du Parlement européen pourrait être largement modifiée à l’issue du scrutin de dimanche, selon une étude réalisée par la Fondation pour l’innovation politique.
Réalisée le 15 mai à partir des enquêtes cumulées des intentions de votes dans chacun des 28 pays de l’UE - et présentée mardi en exclusivité sur Europe 1 par le directeur général de la Fondation Dominique Reynié -, cette enquête annonce notamment la fin du duopole de la droite du PPE et de la gauche du S&D, ainsi que l'augmentation du nombre de députés eurosceptiques.
La percée des centristes de l'ADLE
Ces élections pourraient mettre fin à un schéma bien établi depuis plusieurs années. Selon l’enquête, les deux principaux groupes devraient en effet perdre de nombreux sièges : 34 pour le Parti populaire européen (PPE), et 43 pour l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), sur la base d’un Parlement européen avec les députés britanniques et comptant donc 751 sièges. Principal bénéficiaire de cette fin de duopole, les centristes de l’ALDE, qui gagneraient 35 sièges, avec un total de 103 élus.
Dans ce cas de figure, le PPE et le S&D ne seraient plus capables d’obtenir à eux deux une majorité, ne représentant plus que 44,6% des élus européens. L’étude de la Fondation pour l’innovation politique distingue donc trois coalitions majoritaires possibles, avec ou sans les Britanniques (751 sièges au total dans ce dernier cas) : PPE- S&D-ALDE-Verts, PPE-S&D-ALDE, ou PPE- S&D-Verts.
La part des députés hostiles à l'UE doublée par rapport à 2004
Alors qu’Emmanuel Macron et la majorité agitent le risque d’une entrée massive des "populistes" au Parlement européen, l'enquête confirme la progression des députés hostiles à l’Union européenne. Alors que leur nombre avait déjà augmenté en 2009 et 2014, leur pourcentage au sein du futur hémicycle devrait augmenter pour atteindre 35,3% d'une assemblée comptant les Britanniques, soit le double par rapport à 2004, et 32,4% sans les Britanniques.
Pour les Verts, et alors que l’écologie a été au cœur de la campagne, les résultats du scrutin devraient s’apparenter au mieux à une stagnation. Ainsi, dans un Parlement sans les Britanniques, leur groupe ne gagnerait pas d’élus, tandis qu'il se renforcerait légèrement dans un hémicycle comptant les Britanniques.