"J'ai commencé à travailler à 14 ans." Avant de devenir magistrate, puis ministre de la Justice, Rachida Dati a exercé de nombreuses professions... à commencer par des petits boulots, a-t-elle raconté dimanche au micro d'Isabelle Morizet, sur Europe 1. Issue d'une famille nombreuse et peu fortunée, celle qui est aujourd'hui candidate (LR) à la mairie de Paris a vendu des produits de beauté dans sa cité, trié des fruits et légumes, et exercé, un peu par hasard, la profession d'aide-soignante.
"Je vais te montrer comment être femme de ménage"
Tout commence lorsque Rachida Dati est âgée de 17 ans. "Cet été-là, je suis allée voir le propriétaire d'une clinique, la clinique Sainte-Marie", à Chalon-sur-Saône, se souvient-elle. "Mon père travaillait mais c'était compliqué, et ma mère commençait à avoir des petits soucis de santé." L'adolescente lui demande alors si elle peut travailler pendant les vacances. "Au début, il était un peu surpris de me voir débarquer. Et puis il m'a dit : "D'accord, viens avec moi'. Il m'a fait descendre dans les sous-sols de la clinique, il m'a donné une blouse et il m' a dit :' Je vais te montrer comment être femme de ménage'."
A ce moment-là, Rachida Dati est inscrite en première année de médecine. Elle exerce ce petit boulot dans les différents services de la clinique, de la chirurgie à la cardiologie. "J'ai beaucoup appris", se souvient-elle. "Et puis un jour, le propriétaire m'a dit : 'je ne veux pas que vous restiez femme de ménage, je vais vous former'. Et il m'a formée comme aide-soignante. Mon expérience a même été reconnue, puisque j'ai eu une attestation d'aide soignante."
"Je dormais sous le comptoir de l'accueil"
"J'ai pris deux contrats, donc je travaillais toutes les nuits", poursuit Rachida Dati, qui cumulait cette nouvelle fonction avec un travail au standard, le week-end. "J'avais un petit lit de camp, je dormais sous le comptoir de l'accueil, parce que les admissions arrivaient en fin de journée. C'est des expériences que j'ai vécues... J'ai adoré."
" On est face à la vérité de la vie, la maladie et la mort "
De ces mois passés à la clinique, l'ancienne garde des Sceaux garde un souvenir ému. "Je dis toujours que les deux plus beaux métiers que j'ai pu exercer, enfin qui m'ont marquée, c'est aide soignante et magistrat. Vous voyez les gens dans leur vérité : il n'y a plus de condition sociale, il n'y a plus de statut, il n'y a plus d'histoires d'argent. On est face à la vérité de la vie, la maladie et la mort."
Pourquoi, alors, avoir renoncé aux métiers médicaux ? "En médecine vous avez au moins dix années d'étude", répond simplement Rachida Dati. "A l'époque, on ne pouvait pas cumuler la bourse et un salaire." Pour cette raison, elle a choisi de faire des sciences économiques et sociales, puis du droit. Et, bien sûr, de la politique.