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Alexandre Chauveau avec AFP / Crédits photo : Bertrand GUAY / AFP , modifié à
La présidente sortante de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a été réélue jeudi au troisième tour avec 220 voix, devant le candidat du Nouveau Front populaire André Chassaigne (207 voix) et celui du RN Sébastien Chenu (141 voix).

Yaël Braun-Pivet retrouve le perchoir : onze jours après les législatives, la présidente sortante de l'Assemblée a été réélue grâce à une entente entre la droite et la macronie qui pose peut-être les bases d'une coalition gouvernementale et souligne le mur auquel se heurte la gauche au Palais Bourbon. Au terme d'une journée "historique" et pleine de suspense, qui a vu affluer plus de 500 journalistes au Palais Bourbon, Yaël Braun-Pivet a été élue au troisième tour avec 220 voix contre le candidat de la gauche André Chassaigne (PCF), 207 voix. Sébastien Chenu (RN) a quasiment fait le plein des suffrages de son camp avec 141 voix.

Face à une "Assemblée plus divisée que jamais", Yaël Braun-Pivet a souligné à la tribune la nécessité pour les députés de "rechercher des compromis", d'être "capables de dialoguer, de (s') écouter et d'avancer". "Cette élection m'oblige peut-être plus que jamais, plus que celle de 2022", a-t-elle dit. La députée des Yvelines a bénéficié du report des voix de la candidate Horizons Naïma Moutchou, et surtout du soutien de La Droite républicaine, qui a retiré son candidat Philippe Juvin.

"Summum du déni démocratique" 

Entre les deuxième et troisième tours, la gauche a retenu son souffle, se reprenant à espérer après le désistement du candidat de Liot Charles de Courson, qui aurait pu lui profiter - en vain. Auprès de la presse, André Chassaigne a dénoncé avec virulence un vote "volé" par une "alliance contre-nature" entre la macronie et la droite, alors que la gauche est arrivée en tête au second tour des législatives.

"Au prix d'un accord secret avec LR dont nous découvrirons les contreparties, du contournement de la constitution en faisant voter 17 ministres, la candidate de l'Elysée retrouve le perchoir après 3 défaites successives aux européennes et législatives. Summum du déni démocratique", a fustigé sur X le premier secrétaire du PS Olivier Faure dont le camp promet un recours devant le Conseil constitutionnel.

Sébastien Chenu a lui dénoncé une "victoire des combines". "Les Républicains, qui se sont fait élire il y a 15 jours en disant qu'ils étaient l'opposition à Emmanuel Macron, viennent de voter pour Yaël Braun-Pivet", a-t-il dénoncé. Mais Yaël Braun-Pivet veillera "à l'expression de la diversité des sensibilités", a assuré sur X Emmanuel Macron. Après la défaite du camp présidentiel, arrivé deuxième au soir du second tour des législatives, la députée des Yvelines réalise un coup inespéré, grâce au concours d'une droite elle-même affaiblie.

Des négociations entre la droite et la macronie pour plusieurs postes clés ?

Le Palais Bourbon bruissait depuis plusieurs jours des rumeurs d'un accord entre la macronie et la droite qui a, selon des sources concordantes, négocié plusieurs postes clés à l'Assemblée pour prix de son ralliement : au minimum, une vice-présidence, la tête de la commission des finances, et un des trois postes de questeur. En marge du scrutin, plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées place de la République à Paris, à l'appel notamment de la CGT, "pour mettre l'Assemblée nationale sous surveillance" et demander le "respect" du résultat des élections.

Mais le Nouveau Front populaire s'est heurté sur tous les bancs à un "tout sauf la gauche", selon le mot d'une source macroniste. L'accord entre la droite et la macronie est-il pour autant l'embryon d'une coalition ? La droite récuse être dans cette logique, mais assume selon son porte-parole Vincent Jeanbrun de vouloir "faire gagner (ses) idées", couchées dans un "pacte législatif" qu'elle propose à la macronie.