Un record dont se félicite la majorité. Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé hier devant l'Assemblée que 66.000 primo-vaccinations venaient d'être enregistrées, au lendemain des propos choc d'Emmanuel Macron. Ce chiffre n'avait jamais été atteint depuis le 1er octobre dernier. Comment expliquer ce rebond ? Quelles sont les personnes qui ont décidé de sauter le pas, et pourquoi maintenant ?
"Je suis venue à reculons"
Au centre de vaccination de Nogent-sur-Marne, en banlieue parisienne, on trouve d'abord les plus réfractaires, ceux qui ont essayé de repousser coûte que coûte la piqûre. Mais pour Linda, 24 ans, ne pas avoir de pass sanitaire était devenu beaucoup trop contraignant.
"Franchement, je suis venue à reculons. Je le fais parce que je n'ai pas le choix", témoigne-t-elle au micro d'Europe 1. "Je me suis fait tester. J'ai payé 25 euros pour le test antigénique et actuellement, je n'ai pas assez de ressources", explique l'étudiante, lassée des restrictions. "Je ne peux pas aller au resto, je ne peux pas aller au cinéma. Je n'étais pas assez convaincue pour me faire vacciner, je ne le suis toujours pas".
Même son de cloche chez Missilia, venue avec son mari relever sa manche pour la première fois. "On ne le fait pas vraiment par conviction. Je ne veux pas me priver de faire un restaurant, de partir en vacances, de faire un test PCR tous les deux jours... S'il n'y avait pas tout ça, je ne le fais pas", détaille-t-elle au micro d'Europe 1.
De plus en plus de primo-vaccinations
Mais ils ne sont pas tous aussi réticents. Sandrine, par exemple, a préféré attendre parce qu'elle était enceinte. "J'ai accouché là, ça fait trois mois. J'ai arrêté d'allaiter. Pour moi, c'était normal de ne pas me faire vacciner. C'était toujours par précaution. Ce n'était pas par rapport à moi mais par rapport à mon enfant", souligne-t-elle sur Europe 1. Mais il y a aussi des très jeunes primo-vaccinés, comme Arthur, 11 ans, qui a besoin du pass sanitaire pour continuer ses activités. "Je suis dans une école de comédie musicale et on me demande de faire la première dose de vaccin. Alors autant la faire pour éviter d'être bloqué", explique-t-il avant de souffler : "J'avais un peu peur, mais il ne faut pas avoir peur... Il ne faut pas avoir peur d'une piqûre."
Et à Nogent-sur-Marne, les médecins le constatent bien : les primo-vaccinés sont de plus en plus nombreux à venir. Plus d'une quarantaine se sont déplacés aujourd'hui dans ce centre de vaccination.
Invité au micro de Romain Desarbres ce midi sur Europe 1, Philippe Amouyel, épidémiologiste et professeur de Santé Publique au CHU de Lille, s'est montré optimiste quant à la fin du pic épidémique. "On est dans une phase extrêmement particulière. Ce qu'on peut espérer, c'est que tout ça va finir par se stabiliser, probablement à l'horizon de l'été", a-t-il confié. "On espère, hors variants qui émergeraient de manière inopinée, de passer sur un mode pandémique, avec probablement une vaccination régulière tous les ans. Puisque apparemment, le tropisme est quand même l'habitude de ce virus. Il vient nous visiter plutôt les saisons hivernales".