Un pas en arrière. C'est une promesse de campagne du candidat Hollande. Le tiers payant généralisé - qui, rappelons le, consiste pour le patient à ne pas avancer les frais médicaux, sera t-il mis en place d'ici 2017 ? Rien n'est moins sûr. Lors de sa conférence de presse, jeudi, François Hollande a semblé reculer sur cet épineux dossier, dont le monde médical ne veut pas entendre parler. "Le tiers payant (généralisé) ne sera mis en place que si un mécanisme simple de paiement est possible pour les professionnels de santé", a assuré le chef de l'Etat.
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Touraine file la métaphore spatiale. Mais cette généralisation du tiers payant, Marisol Touraine n'entend pas y renoncer, elle. Lors de ses vœux à la presse, la semaine passée, la ministre de la Santé avait ironisé sur l'impossibilité, avancée par le monde médical de trouver un système simple pour sa mise en place. "Je n’imagine pas que l’on arrive à envoyer Philae à 510 millions de kilomètres de la Terre et que l’on ne parvienne pas à trouver un moyen d’assurer un tiers payant opérationnel", avait-elle déclaré. Avant d'ajouter, déterminée : "Ça prendra le temps que cela prendra mais on y arrivera !". Le projet de loi Santé doit être examiné à l'Assemblée au printemps.
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Qui en bénéficie aujourd'hui ? Le tiers payant est aujourd'hui quasi-généralisé à l'hôpital. En revanche, le système n'est utilisé que dans 30% des consultations médicales de ville. Les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU) complémentaire et de l'aide médicale d'Etat en sont les premiers bénéficiaires. Les patients suivis dans le cadre d'un dépistage comme les mammographies ou pour des soins en rapport avec un accident du travail sont aussi concernés.
Que redoutent les médecins ? Le tiers payant cristallise les tensions chez les médecins, qui craignent de se retrouver à la solde des multiples acteurs (Assurance maladie et des centaines de mutuelles) à solliciter pour se faire rembourser. Pourtant, le tiers payant intégral est déjà appliqué chez près de 150.000 professionnels de santé, notamment les infirmiers et pharmaciens. Pour jongler entre les centaines de mutuelles existantes, les pharmaciens ont externalisé la gestion de leurs factures.
Quelles sont les pistes ? Si l'Assurance maladie devenait le payeur unique, elle pourrait s'inspirer des pharmaciens en externalisant la gestion des factures transmises par les médecins. Un syndicat de médecins plaide aussi pour l'utilisation par les patients d'une carte de crédit à débit différé. Le patient paye le médecin normalement, mais son compte n'est débité qu'une fois que la Sécurité sociale et sa complémentaire l'ont remboursé.