Il y a quelques semaines, ils étaient de fringants membres du gouvernement ou candidat à la présidentielle. Depuis les législatives, ils n’ont plus rien ou presque. Pour ces anciens ministres médiatiques du quinquennat de François Hollande, il faut désormais se réinventer. Dans la politique, ou ailleurs.
- Benoît Hamon repart de zéro
Il se rêvait en homme fort du Parti socialiste après sa victoire à la primaire, le voici privé de tout mandat depuis sa défaite dans les Yvelines. Qui plus est lâché par sa formation, qui n’a pas repris les propositions de son programme à la présidentielle dans celui des législatives. Mais la traversée du désert, très peu pour lui. Benoît Hamon ne se laisse même pas le temps de sombrer dans la sinistrose. D’abord, ce pur politique, qui n'a travaillé dans le privé que dans des sociétés d'études d'opinion, possède toujours un mandat électif, celui de conseiller régional d’Ile-de-France.
Ensuite, l’ancien ministre de l’Economie sociale et solidaire, puis de l’Education, veut refonder la gauche sur les ruines d’un PS fracassé par cette année élctorale. Il lancera donc le 1er juillet un mouvement "transpartisan à gauche", Pelouse de Reuilly, à Paris. Pour l’heure, le nom du mouvement et les personnalités présentes sont tenus secrets par les proches de l’ex-candidat à la présidentielle. Son camp promet tout de même une surprise sur le format de l’événement. Et jure qu’il ne s’agit pas là de mettre la pression au Parti socialiste en vue du congrès qui devrait se tenir à la fin de l’année.
- Najat Vallaud-Belkacem en "pause" forcée
A 39 ans, Najat Vallaud-Belkacem a vu son ascension politique jusqu’alors fulgurante se stopper net, emportée par la vague En marche ! L’ancienne ministre de l’Education, membre du gouvernement pendant cinq ans, a été battue dans la sixième circonscription par Bruno Bonnell. "C'est une pause qui m'attend", avait-elle lâché le soir de sa défaite. "J'avoue que ce n'était pas l'objectif que je m'étais fixé. Mais je n'en ignore pas non plus les avantages : retrouver ma famille, me retrouver, me ressourcer, travailler", avait-elle poursuivi.
Reste à savoir combien de temps durera cette pause. Sans doute pas longtemps. Car hors de question pour Najat Vallaud-Belkcem d’abandonner la carrière politique, embrassée à 25 ans dans le sillage de Gérard Collomb, alors maire de Lyon. "Je laisse à d’autres l’intermittence des convictions politiques. Chez moi, l’engagement politique ne dépend pas d’un mandat. Les Villeurbannais doivent savoir qu’ils peuvent compter sur moi. Je leur dis à très vite", avait-elle affirmé. Une autre incertitude, toutefois, demeure. Son mari Boris Vallaud a été élu député dans Les landes, et il devra donc faire de nombreux aller-retour sur Paris. Elle-même est implantée localement dans le Rhône, mais a passé les cinq dernières années dans la capitale. Mère de jumeaux âgés de neuf ans, l’ex-minsitre doit donc se choisir un lieu de résidence.
- Marisol Touraine, des vacances avant l’inconnu
Marisol Touraine a peut-être subi dimanche soir la défaite la plus surprenante du second tour des législatives. Celle qui se réclamait de la majorité présidentielle, bénéficiant de fait du soutien tacite de La République en marche! qui n’avait pas placé de candidat face à elle, était arrivée en tête au premier tour en Indre-et-Loire. Elle n’a finalement recueilli que 43,41% des suffrages face à son adversaire de l’UDI, Sophie Auconie. Voilà désormais l’ex-ministre de la Santé dépourvue de tout mandat électif.
Le soir de sa défaite, elle avait affirmé qu’elle prendrait des vacances. Elle l’a confirmé à Europe1.fr. "Je vais prendre un été off, me reposer et je verrai à la rentrée quelle forme donner à mon engagement politique socialiste", a répondu Marisol Touraine. Pas question pour elle donc de mettre un terme à sa carrière politique, ni de renier son camp. Sauf que c’est bien son camp qui pourrait la renier. Fin mai, la section du PS d’Indre-et-Loire avait en effet lancé une procédure d’exclusion à son encontre, au motif qu’elle avait supprimé le logo du PS de ses affiches de campagne.
VIDEO. La défaite de Marisol Tourainepar lanouvellerepublique
- Myriam El-Khomri, une défaite qui fait mal
Les lendemains s’annoncent difficiles pour Myriam El-Khomri. Battue à Paris, l’ancienne ministre du Travail n’est pourtant pas totalement démunie. Elle reste en effet conseillère de Paris. Mais celle qui est devenue la cible principale de la gauche de la gauche, avec la loi Travail qui porte son nom, aura peut-être du mal à rebondir. "Je reste cependant persuadée qu’entre la République en marche et la France Insoumise, une ligne socio-démocrate peut persister", disait-elle au soir de sa défaite. Signe que cette professionnelle de la politique, devenue collaboratrice d'Annick Lepetit, maire du 18ème arrondissement de Paris, à 23 ans, compte bien participer à la reconstruction du Parti socialiste.
Mais cela s’annonce compliqué. Car si elle a bien gardé l’étiquette PS sur ses affiches pendant la campagne, elle s’est revendiquée de la majorité présidentielle. En outre, elle a durablement fracturé son mouvement avec sa loi. Si une ligne radicale s’impose rue de Solférino, elle ne pourra sans doute pas y prétendre à une fonction exécutive.
- Cécile Duflot redevient "simple militante"
Une ancienne ministre redevenue "simple militante". C’est Cécile Duflot qui l’a affirmé elle-même le soir de sa défaite dès le premier tour des législatives à Paris, le 11 juin. Depuis, l’ex-ministre du Logement est discrète dans les médias. Mais elle ne lâche pas la rampe. "Dans les mois qui viennent, je continuerai à m’engager aux côtés de celles et ceux qui veulent agir pour transformer la société", a-t-elle écrit dans un communiqué.
Pas question donc d’arrêter la politique, même si Cécile Duflot ne possède plus aucun mandat électif. L’ancienne secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts reste d’ailleurs très active sur Twitter. Sur le réseau social, elle a même laissé poindre un semblant de soulagement de ne plus être sur le devant de la scène. "Je m’en suis brutalement rendue compte avec cette réflexion involontaire : maintenant que j’ai perdu, ça va être moins dur’", a-t-elle écrit après l’agression de Nathalie Kosciusko-Morizet. Cécile Duflot pourrait aussi retrouver son métier d'origine, urbaniste, qu'elle admet volontiers beaucoup apprécier.
oui m'en suis brutalement rendue compte avec cette réflexion involontaire : "maintenant que j'ai perdu, ça va être moins dur"
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 15 juin 2017
- Emmanuelle Cosse, retour au travail
Emmanuelle Cosse ne s’est pas trouvé fort dépourvue quand sa défaite fut venue, puisqu’elle conserve un siège au Conseil régional d’Ile-de-France. Mais c’est tout comme. "Je vais y consacrer le temps que j’y consacre d’habitude, mais quand on est une conseillère d’opposition, on n’a pas grand-chose à faire, malheureusement", explique-t-elle à europe1.fr. Alors l’ancienne ministre du Logement va chercher du travail. "Car il faut que je gagne ma vie, tout simplement. En en plus, j’ai plutôt envie de travailler. J’ai dirigé un parti, j’ai été ministre, j’ai envie de passer à autre chose. Maintenant, j’ai besoin d’une assise professionnelle", insiste-t-elle. "Je m’autorise un petit break, mais pour la rentrée, il faut que j’aie quelque chose." Emmanuelle Cosse a d'abord été brièvement journaliste, avant de devenir militante associative. Elle a ainsi été présidente d'Act-Up entre 1999 et 2001.
L’ancienne secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts ne met pas un terme à sa carrière publique. "Je n’ai pas dit que j’abandonnais la politique, loin de là. On a une structure, toute petite, l’UDE, mais au-delà de ça, on va voir ce qui se créé, avec des personnalités écologistes, réformistes, plutôt engagées à gauche. Quelle forme ça va prendre, je n’en sais rien", explique-t-elle. Ce ne sera en tout cas pas avec ceux d’EELV, telle Cécile Duflot, avec qui la rupture a été brutale. "Je me suis éloignée de personne, ce sont plutôt eux qui se sont éloignés de moi. Je ne pense pas les retrouver, parce qu’ils ont eu des propos très durs, presque haineux envers moi, et encore pendant la campagne des législatives."
Jean-Jacques Urvoas, retour à l’Université
L’ancien Garde des Sceaux a longtemps été professeur de droit constitutionnel. Le soir de sa défaite au second tour des élections législatives, dans le Finistère, il a indiqué qu’il retournerait à l’université de Bretagne Occidentale pour y donner à nouveau des cours. Mais l’ancien président de la commission des Lois à l’Assemblée nationale glisse qu’il ne s’interdirait pas de donner publiquement son avis sur des sujets qu’il maîtrise. Et notamment sur l’état d’urgence.