Un réseau social pour ceux qui doivent subir des hospitalisations de plusieurs mois, il fallait y penser. C'est le concept de My Hospi Friends, expérimenté depuis avril à l'hôpital Foch dans les Hauts-de-Seine. La presse s'est fait l'écho de cette invention. Europe 1 a voulu en savoir plus.
Il fallait y penser. Julien Artu est le fondateur de ce nouveau réseau social et l'idée lui est venue de son expérience personnelle : "En 2011, j'ai été victime d'un grave accident de voiture suivi de 5 mois et demi d'hospitalisation. Les visites extérieures sont d'abord nombreuses, puis de plus en plus rares car la vie reprend son cours. Quand j'ai changé d'établissement pour me retrouver à 200 km de chez mes parents, ça a empiré. Je me suis alors dit que forcément, il y avait un patient dans une autre chambre qui avait les mêmes goûts que moi et l'envie d'échanger".
L'isolement l'a marqué : "Je me rappelle d'un tétraplégique qui depuis des années n'était pas sorti de sa chambre et qui ne faisait aucune connaissance". L'idée lui vient alors de créer un réseau social pour mettre en relation des gens qui ne peuvent pas ou peu se déplacer.
Mais il y a déjà Facebook ? Les autres réseaux sociaux ne sont pas adaptés au milieu hospitalier selon Julien Artu. "Les amis Facebook travaillent la journée, ils ont peu de temps disponible. Alors qu'à l'hôpital, une fois passés les soins du matin, le patient a du temps libre à revendre. Et regarder la télé ne suffit pas à remplir la journée".
"Banco, on y va". L'hôpital Foch a adopté en avril My Hospi Friends. "Julien Artu est arrivé au bon moment", explique à Europe1, Valérie Moulins, directrice de communication du prestigieux établissement."Nous voulions axer notre nouveau plan stratégique sur le bien-être des patients. Quand il m'a présenté son réseau social, j'ai dit 'Banco, on y va'".
L'hôpital Foch a alors installé My Hospi Friends sur les terminaux multimédias qui équipent les chambres de deux services. Ces grosses tablettes à écran tactile, sont reliées aux lits des patients avec un bras articulé et donnent accès aux chaînes et à des jeux.
Coupe du monde et origami. Le réseau social a séduit une centaine de malades. Non seulement les deux services concernés l'ont adopté via leurs tablettes mais les patients des autres services s'y sont aussi inscrits via leurs smartphones.
Chaque patient reçoit un mot de passe de l'administration. Il se crée un profil et peut ensuite partager des liens, des vidéos, des photos. Il peut aussi s'inscrire à des groupes de discussions animés par l'équipe de Julien Artu : mode, jardinage, sports, animaux… C'est ainsi que l'hôpital Foch a remarqué que pendant la Coupe du monde, certains patients avaient passé leurs nuits à regarder les matchs et à les commenter sur My Hospi Friends.
Le réseau commence aussi à être utilisé pour organiser des rencontres. Un patient régulier de l'hôpital, propose sur le réseau à chacun de ses retours, des ateliers d'origami.
"Ils pensent à autre chose qu'à leurs soins". Pour Valérie Moulins de l'hôpital Foch, My Hospi Friends a fait beaucoup de bien : "Ça améliore clairement le moral des patients et surtout, ça les occupe. Ils ont autre chose à penser que leur maladie ou leurs soins". Le réseau sert avant tout à s'évader, peu de patients y parlent de leurs soucis de santé.
Elle présente le cas de "patients qui viennent de province et qui peuvent parfois attendre des mois pour une greffe. My Hospi Friends, c'est la solution pour réduire leur isolement". Julien Artu se félicite aussi : "80% des inscrits sont des longs-séjours, c'est justement la population que nous visions".
My Hospi Friends pour les séniors et les ado ? Le réseau sera prochainement adopté par deux hôpitaux français. L'entrepreneur voit maintenant plus loin : "Nous prévoyons de créer un réseau dédié aux adolescents qui viserait les services de pédiatrie. Puis, pourquoi pas un My Hospi Friends avec une ergonomie adaptée aux personnes âgées ?"