Le Conseil d'État a donné raison mercredi à l'Agence du médicament (ANSM), qui a abaissé la dose maximale de baclofène recommandée dans le traitement de l'alcoolisme. La juridiction administrative suprême a rejeté la requête d'une patiente qui voulait faire annuler cette recommandation, datant de juillet 2017. "Le directeur général de l'ANSM n'a pas entaché son appréciation d'une erreur manifeste", a affirmé le Conseil d'État.
Une dose abaissée de 80 mg par jour contre 300 auparavant. Le baclofène est un médicament prescrit depuis les années 1970 comme relaxant musculaire, mais dont l'usage a peu à peu été détourné vers le traitement de l'alcoolisme. Depuis 2014, il est autorisé à cette fin, grâce à une recommandation temporaire d'utilisation (RTU). Sachant les risques de ce médicament, l'ANSM a décidé en juillet 2017 d'abaisser la dose maximale recommandée pour traiter l'alcoolisme, à 80 mg par jour contre 300 auparavant. Le Conseil d'État a relevé que tout médecin pouvait toujours prescrire davantage que cette dose recommandée aux "patients pour lesquels il jugerait le bénéfice supérieur aux risques".
À dose élevée, le baclofène doublerait le risque de décès. Les partisans du baclofène estiment que les praticiens ne s'y risqueront pas. Les alcoolo-dépendants devraient donc, d'après eux, être cantonnés à des dosages trop faibles, inefficaces. "Ce sont des dizaines de milliers de vies que votre décision brisera", avait lancé à l'audience l'avocat de la requérante, François Sureau, alors que le rapporteur public avait recommandé de donner raison à l'ANSM. Pour appuyer sa décision, l'Agence du médicament invoquait une étude selon laquelle le baclofène à dose élevée (plus de 180 mg par jour) fait plus que doubler le risque de décès par rapport aux autres médicaments contre l'alcoolisme, et accroît de 50% le risque d'hospitalisation.