La rentrée scolaire s'accompagne souvent de stress, mais celui-ci est la plupart du temps passager. En revanche, 3 à 6 % des enfants souffrent de phobie, un phénomène plus durable qui peut nécessiter de consulter un spécialiste pour aider l'enfant à passer outre. Sur Europe 1, Louis Vera, pédopsychiatre, détaille ce qu'il faut savoir sur ce trouble : quels sont ses causes, ses symptômes mais aussi les manières de le traiter.
Comment identifier une phobie scolaire ?
"La peur et la phobie vont se distinguer, parce que le phobique est un anxieux, il a peur avant d'avoir peur. Cela va se caractériser par l’anxiété anticipatoire. Il a peur avant même d'être stressé. Le phobique scolaire n'a pas un objet concret dont il est phobique", il a peur de l'école en général, explique Louis Vera. "Il n'y a pas un pic de fréquence, mais il y a des saisons. Le timide va plutôt déclencher sa phobie scolaire dès les alentours de la Toussaint. Celui qui a des difficultés scolaires va plutôt la déclencher vers les vacances de février ou de Pâques", après les premiers résultats, précise le pédopsychiatre.
Le diagnostic peut être difficile car "on a à faire à un enfant bien portant le weekend et pendant les vacances scolaires" et pas du tout la semaine. "En général, les parents n'y comprennent rien", souligne Louis Vera. Parmi les signes avant-coureur on retrouve "les maux de ventre avant d'aller à l'école. Certains vont même vomir". Lorsque la phobie scolaire est avérée, "ça peut aller vraiment très loin". Le pédopsychiatre a ainsi constaté des enfants qui se menottaient au radiateur ou se cachaient dans leur mezzanine pour ne pas aller à l'école.
Quelles en sont les causes ?
Différentes causes peuvent expliquer cette phobie. Certaines sont très classiques, selon le spécialiste, à commencer par "l'angoisse de séparation : quand l'enfant, l'adolescent ou même le jeune adulte est loin de ses proches, qu'il s'agisse des parents ou de ses frères et sœurs", raconte Louis Vera. L'angoisse de séparation est ainsi "une grande cause de phobie scolaire".
De même, "un trouble des apprentissages peut être un facteur précipitant", précise-t-il. La phobie sociale peut également faire survenir une phobie scolaire "si le jeune se sent mal à l'aise dans les groupes". Dans certains cas, les troubles autistiques peuvent engendrer des moqueries et être source de phobie scolaire, notamment quand ils nuisent à la communication non-verbale. Plus généralement, le harcèlement et l'humiliation par les pairs ou les enseignants peuvent avoir les mêmes conséquences.
Comment aider l'enfant à aller mieux ?
Encourager l'enfant à aller à l'école, "c'est la bonne façon de faire au départ", considère Louis Vera. Lorsque l'enfant ne peut plus aller à l'école, "il faut impérativement consulter car si on laisse traîner trop longtemps cela risque d'aggraver la phobie scolaire. Il faut la considérer comme une urgence thérapeutique". Les parents ne doivent donc pas considérer le refus d'aller à l'école comme un caprice. "Dans la phobie scolaire, l'enfant ne joue pas la comédie, c'est très douloureux pour lui", met en garde le pédopsychiatre.
Ensuite, il faut lui apprendre à "gérer son stress" et enfin "il va falloir traiter la cause". Dans le cas d'une angoisse de séparation, Louis Vera préconise la thérapie comportementale. Deux solutions se présentent alors : "soit on passe un contrat avec le jeune et, après lui avoir appris à gérer son stress, il va retourner complètement à l'école du jour au lendemain. Soit il se sent trop en difficulté". Dans ce cas, un retour progressif à l'école est à privilégier. "Souvent il est accueilli comme un super héros par ses copains et ça se passe superbement bien."
Le changement d'école est loin d'être la solution privilégiée. Il s'effectue s'il y a des facteurs identifiés de harcèlement, ou si le jeune demande à reprendre à zéro. Dans la plupart des cas de phobie scolaire, "la très grande majorité s'en sort très bien", conclut le pédopsychiatre.