C’est l’une des hantises des jeunes parents : que leur bébé contracte une méningite. Cette maladie, aussi imprévisible que potentiellement foudroyante, touche en moyenne 8.000 personnes et est responsable de 50 à 60 morts chaque année en France. Principale population à risque : les tout-petits.
"Les moins de 1 an sont dix fois plus touchées que le reste de la population. Les 3-5 ans, les adolescents et les personnes âgées sont aussi plus touchées que la moyenne", explique le docteur Delphine Menard. La médecin généraliste a expliqué mercredi dans l'émission "Sans Rendez-Vous" sur Europe 1 comment repérer et soigner cette maladie "grave et imprévisible".
Quels sont les symptômes de la méningite ?
La méningite est une inflammation des méninges, cette "membrane qui enveloppe le système nerveux central, le cerveau et la moelle épinière." "Une infection des méninges est une infection de cette membrane et du liquide céphalo-rachidien qui peut être dû à un virus, une bactérie ou un champignon", précise le docteur Menard.
"C’est fulgurant et foudroyant, une personne peut décéder en 24h. Au départ les symptômes sont d’une grande banalité avec des maux de gorge mais très souvent il y a une forte fièvre. Je dis aux parents de prendre la température de leurs enfants, parce qu’un enfant peut avoir une température normale de 36 ou 37,2 degrés. Il faut voir quel est l’état général de la personne", prévient le médecin généraliste.
La raideur de la nuque est aussi un symptôme caractéristique d’une méningite, mais elle n’est pas toujours présente chez les tout-petits. "S’il n’y a pas de difficulté de fléchir la nuque, cela ne signifie pas pour autant une absence de méningite. Notamment chez le tout-petit, on a cette soupape qui est la fontanelle (des membranes qui séparent les os du crâne) : jusqu’à 8-10 mois, certains enfants n’auront pas nécessairement de raideur de nuque."
Le purpura et l’instinct des parents, autres alertes
L’apparition de purpura peut également être un symptôme d’une méningite. "Le purpura ce sont des tâches violacées qui sont sur la peau et qui peuvent être partout. Ce sont des tâches qui montrent un état avancé de la maladie." Mais beaucoup de parents ne se méfient pas du purpura. "Une étude il y a deux-trois ans montrait que seulement 8% des adultes associaient la méningite avec le purpura. Une autre façon de bien voir c’est que cette tâche ne s’efface pas quand on la presse, elle perdure. Je dis aux parents de mettre un verre transparent à fond clair sur la peau, et quand vous regardez dans le verre la tâche perdure", conseille le médecin.
Le docteur Menard demande également aux parents d’écouter leur instinct. "Ce n’est pas très médical, et pour autant c’est important de le dire : si vous trouvez que votre bébé n’est pas comme d’habitude, faites vous confiance. Ça peut être le cas si il ne mange pas, si il est prostré, si il geint. On peut retrouver ces signes aussi chez les adolescents."
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Une prise en charge rapide est indispensable
La méningite nécessite en tout cas "la prise en charge la plus rapide possible". "Il faut mettre en route très vite les antibiotiques. La ponction lombaire à l’hôpital va permettre de rechercher du liquide céphalo-rachidien. Et quand il y a un purpura on peut faire des biopsies cutanées", précise le docteur Menard.
La prise en charge doit être d’autant plus précoce que de nombreux patients gardent des séquelles de la méningite. "Un survivant sur cinq aura des séquelles. Il peut y avoir des amputations de membres ou de parties de membres. Il peut y avoir des surdités, des cécités mais aussi des troubles psychologiques et du stress post-traumatique."
Un vaccin obligatoire pour les tout-petits
Pour se prémunir au maximum de ce risque, il existe un vaccin obligatoire pour la méningite C. "Il se fait à cinq mois et à douze mois. Pour la crèche et pour rentrer à l’école, c’est obligatoire. La cible privilégiée ce sont les tout-petits et aussi les adolescents. Pour les méningocoques il y a aussi un vaccin qu’on propose quand on voyage, parce qu’on l’a beaucoup moins en France", détaille le médecin.
Pour les parents inquiets, le docteur Menard ajoute que le vaccin peut effectivement provoquer des effets secondaires, mais qu’une simple prise de paracétamol permettra de les limiter. "De temps en temps, le vaccin anti-méningocoque peut provoquer de la fièvre, surtout si il est injecté avec un autre vaccin. Il faut alors donner du paracétamol avant l’injection puis quelques heures plus tard."