Ils prétendent guérir l'homosexualité et la transexualité comme si c'était une maladie. Ils, ce sont les hommes et les femmes qui prônent les "thérapies de conversion", "un ensemble de pratiques pseudo-psychologiques ou spirituelles qui visent à modifier l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne", explique le journaliste Jean-Loup Adénor, co-auteur de Dieu est amour, une enquête fouillée sur le sujet. Ces partisans des thérapies de conversion vont bientôt devenir hors-la-loi : une proposition de loi sera examinée en séance publique par les députés, mardi. Le journaliste était l'invité d'Europe 1, lundi matin, pour évoquer ces questions.
"Un homme a subi huit exorcismes"
"La théorie qui soutient ces pratiques, c'est qu'on peut effectivement ramener les personnes homosexuelles vers une 'saine hétérosexualité'", développe Jean-Loup Adénor. "Il faut toujours rappeler que ces pratiques ne fonctionnent évidemment pas, qu'elles sont la cause de problèmes psychologiques graves, comme notamment des dépressions, et qu'elles peuvent parfois même donner des sévices physiques importantes." Le journaliste évoque par exemple le cas d'un homme "qui a subi huit exorcismes" et "qui a mis des années à s'en remettre" avant de pouvoir en parler.
Dans le livre Dieu est amour, écrit avec Timothée de Rauglaudre, Jean-Loup Adénor s'est concentré sur "le courant chrétien, évangélique et catholique". Et dans les deux camps, les réponses ont été bien différentes. "Du côté des évangéliques, le Conseil national des évangéliques de France a condamné cette pratique, un pas en avant significatif. En revanche, du côté de la Conférence des évêques de France, on sent que le sujet les met très mal à l'aise. Il y a cette idée selon laquelle l'Église catholique est suffisamment malmenée par les affaires de pédophilie et qu'il ne faudrait pas en rajouter ce qui est à notre sens, vraiment préjudiciable."
De nouveaux moyens légaux nécessaires ?
Selon le journaliste, le schéma des scandales de pédophilie se répète : "À cause des problèmes, la réaction de l'Église qui a retardé l'information sur ce phénomène. Avec le fait de ne pas pouvoir ou vouloir en parler, certaines victimes peuvent se sentir trahies par leurs églises. Et c'est elles-mêmes qui demandent aujourd'hui à ce que les évêques de France condamnent ces pratiques", insiste Jean-Loup Adénor.
Mais faut-il de nouveaux moyens légaux pour lutter contre ces thérapies de conversion ? "Le gouvernement nous a expliqué que les moyens légaux existaient déjà, qu'on pouvait avoir recours à l'abus de faiblesse ou à l'exercice illégal de la médecine. Ce qui en fait, dans les faits, n'est pas vrai puisque ces pratiques existent en France depuis une trentaine d'années", réplique le co-auteur de l'enquête. "Il y a besoin d'une prise en considération du phénomène comme un phénomène spécifique avec des victimes spécifiques. Moi, dans les groupes que j'ai infiltrés, je n'ai pas vu d'exercice illégal de la médecine. Les victimes ne se reconnaissent pas dans ce délit-là."