Coronavirus : le conseil scientifique prévoit quatre scénarios pour les mois à venir

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Europe 1 avec AFP , modifié à
Le conseil scientifique chargé de conseiller le gouvernement sur le coronavirus envisage quatre scénarios sur les mois à venir. Selon l'évolution de l'épidémie des mesures différentes devront être prises. L'avis encourage les décideurs à préparer ces dernières dès maintenant.

D'une "épidémie sous contrôle" à une "dégradation critique", le conseil scientifique chargé de guider les pouvoirs publics dans la gestion de la crise liée au coronavirus recommande de se préparer à "quatre scénarios probables" pour les mois à venir. L'objectif de ce nouvel avis, mis en ligne jeudi et sous-titré "anticiper pour mieux protéger" est de  "préparer les différentes structures de l'Etat à affronter une éventuelle reprise de l'épidémie quelle qu'en soit sa forme".

Foyers "localisés" ou "perte de contrôle" de l'épidémie

Le premier scénario, "le plus favorable", est celui d'une "épidémie sous contrôle" avec seulement quelques foyers "localisés pouvant être maîtrisés". Les scénarios deux et trois envisagent respectivement "des clusters critiques laissant craindre une perte de contrôle des chaînes et contamination" et "une reprise progressive et à bas bruit de l'épidémie, plus difficile à identifier". 

 

Le plus grave des scénarios, dernier évoqué par le conseil scientifique serait celui d'une "perte du contrôle" de l'épidémie qui se traduirait par "dégradation critique des indicateurs" de suivi de cette dernière. Cette situation "exigerait des décisions difficiles, conduisant à choisir entre un confinement national généralisé, permettant de minimiser la mortalité directe, et d’autres objectifs collectifs, économiques et sociaux, s’accompagnant alors d’une importante mortalité directe".

Élaborer des maintenant des mesures

Le conseil scientifique, présidé par le spécialiste d'immunologie Jean-François Delfraissy, "souligne la nécessité de préparer" des "mesures appropriées" à chacun de ces scénarios, pour "éviter un nouveau confinement généralisé" comme celui qu'a connu le pays du 17 mars au 11 mai. Ces mesures doivent être "élaborées dès maintenant" pour pouvoir les "activer le plus rapidement possible" "lorsque cela sera nécessaire", insiste l'avis.

Aussi, le conseil scientifique propose de les préparer "avec les acteurs notamment territoriaux", dans le cadre d'un "plan de prévention et de protection rapprochées" visant "à augmenter l'efficacité des mesures prises tout en limitant l'impact social et économique de l'épidémie". Un tel plan devrait inclure "le renforcement des mesures barrière et de distanciation", telles que le "port du masque obligatoire dans tous les lieux confinés".

 

 

Parmi les mesures proposées l'avis suggère aussi : "la mise en oeuvre renforcée de la stratégie 'tester, tracer, isoler', un plan de protection des Ehpad, une protection renforcée par confinement volontaire des personnes les plus vulnérables en raison de leur âge ou de leur état de santé, un plan destiné aux personnes les plus précaires ainsi qu'un ensemble de mesures à mettre en oeuvre dans les métropoles, qui sont particulièrement exposées, notamment en Île-de-France".

"On ne pourra pas refaire un confinement généralisé en France"

Dans un entretien au Parisien, le Pr Jean-François Delfraissy, Président du Conseil scientifique, a estimé que "quoi qu'il arrive, on ne pourra pas refaire un confinement généralisé en France". "La première fois, il était indispensable, on n'avait pas le choix, mais le prix à payer est trop lourd", a-t-il ajouté.

"La population ne l'accepterait sûrement pas, les conséquences économiques seraient majeures et, même d'un point de vue sanitaire, cela n'est pas souhaitable", a-t-il fait valoir, rappelant "qu'en dehors du Covid, il y a eu tous les autres malades qui ont eu des retards de diagnostic durant cette période". "Une fois qu'on a dit cela, qu'est-ce qu'on fait si la situation empire? Il faut donc un grand plan de prévention", a-t-il conclu.