Fallait-il confiner la population française pendant près de deux mois ? Aurait-on pu procéder autrement, mi-mars, pour limiter la propagation du coronavirus ? Les médecins du Conseil scientifique, mandatés pour éclairer les décisions du gouvernement sur cette épidémie qui a tué près de 30.000 personne, étaient interrogés, jeudi, par la commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la crise par les autorités.
Lors de cette audition, le président du Conseil scientifique, le professeur Jean-François Delfraissy, l'a dit et répété avec les autres médecins de ce groupe : mi-mars, les hôpitaux français étaient en alerte avec des patients de plus en plus nombreux en réanimation. Le confinement général de la population française était la seule façon d'éviter la catastrophe, comme en Italie à l'époque.
"Un job à recevoir des coups"
Un autre membre du Conseil scientifique, Arnaud Fontanet, a abondé en ce sens : selon lui, même si la France avait pu réaliser davantage de tests de dépistage du coronavirus début mars, cela n'aurait pas évité la nécessité d'un confinement généralisé.
Et pourtant, le jour où Jean-François Delfraissy a dû dire aux responsables politiques qu'il fallait confiner a représenté un moment très difficile à passer, a-t-il confié devant les députés : "Je n'ai pas dormi pendant trois, quatre nuits à la suite de ça. Je savais que c'était un job à recevoir des coups. (…) On a été vraiment dans quelque chose qui nous a sidérés." La suite est connue : le confinement strict a été en vigueur du mardi 17 mars au lundi 11 mai, comme dans de nombreux pays du monde, à l'exception de la Suède, dont les chiffres récents sur le front de l'épidémie inquiètent.
Un reconfinement à l'automne ?
Jean-François Delfraissy a aussi évoqué l'avenir et l'hypothèse d'une deuxième vague de coronavirus. Selon le Conseil scientifique, "le risque d'une deuxième vague, et non pas d'une réapparition, venant de l'hémisphère sud et revenant vers le nord, fin octobre, en novembre ou en décembre, est un risque qui doit être considéré", a-t-il averti.
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Mais il ne serait pas question de procéder à un reconfinement généralisé si cette deuxième vague devait frapper la France. "Ce n'est ni possible, ni souhaitable", a affirmé le spécialiste, ouvrant la porte à un éventuel confinement des plus âgés et des plus fragiles, en laissant les plus jeunes aller à l'école ou au travail.