Comment le traçage des personnes malades atteintes du coronavirus va-t-il fonctionner à partir du 11 mai, date du début du déconfinement ? Dans la nuit de vendredi à samedi, les députés ont adopté en première lecture le projet de loi prolongeant l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 10 juillet, qui encadre le dispositif des "brigades sanitaires". Mais ces brigades font polémique, puisque l'opposition craint qu'elles permettent un "fichage" des personnes malades. Invité du journal de la mi-journée d'Europe 1 samedi, Nicolas Revel, directeur général de la Caisse nationale de l'Assurance-maladie (CNAM), dont les agents vont être mobilisés, a expliqué qu'il n'y avait aucun risque d'atteinte au secret médical.
"Protéger l'entourage des personnes qui vont être appelées"
Si la peur du fichage "est un sujet légitime", explique le patron de l'Assurance-maladie, il n'y a pas de crainte à avoir concernant le dispositif mis en place à partir du 11 mai. "Le secret médical, nous le gérons depuis 70 ans", affirme Nicolas Revel, affirmant que seuls "les patients, leurs médecins et l'Assurance-maladie" auront connaissance des données sensibles dans le cadre du dispositif des "brigades sanitaires".
"Ces trois acteurs partagent des données couvertes par le secret médical abondamment et depuis très longtemps et d’une manière totalement sécurisée", rassure-t-il encore, maintenant que le dispositif permet "protéger l'entourage des personnes qui vont être appelées".
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Les personnes malades répondront "si elles le souhaitent"
Concrètement, à partir du 11 mai, les médecins de ville, "socle de notre dispositif", estime Nicolas Revel, et les collaborateurs de la CNAM vont interroger les personnes malades, qui répondront "si elles le souhaitent", précise le patron de l'Assurance-maladie.
L'objectif sera de déterminer la liste des personnes fréquentées par le patient dans les 48 dernières heures. Une fois cette liste établie, "l’Assurance-maladie va contacter chacune de ces personnes et expliquer qu’elle a peut-être le Covid-19", détaille Nicolas Revel. "En disant qu’il faut qu’elle aille se faire tester très vite et qu’elle prenne des mesures de précaution pour ne pas contaminer son entourage".
Pas besoin de voir un médecin pour les tests et les masques
"Le nom de la personne malade ne sera mentionné que si cette dernière autorise la CNAM", continue Nicolas Revel. L'Assurance-maladie incitera aux tests, qui seront accessibles sans ordonnance pour les personnes ayant été appelées. "On vous dira d’aller chercher des masques si vous n’en avez pas pour protéger votre entourage. Là aussi, pas besoin d’une prescription : le pharmacien vous les délivrera", poursuit Nicolas Revel. Même procédé pour les arrêts de travail jusqu'à la date du test : l'Assurance-maladie l'enverra directement à la personne qui le demande, sans qu'il y ait besoin de voir un médecin.
"Ça n’a rien de nouveau"
Les collaborateurs de l’Assurance-maladie qui accéderont aux données seront "habilités pour cela", rassure une nouvelle fois Nicolas Revel, affirmant que ces derniers ont "des règles déontologiques strictes". "Ça n’a rien de nouveau et c’est bien pour cette raison-là que l’Assurance-maladie a été mise au cœur de ce dispositif. Parce que nous sommes présents partout et parce que nous gérons avec les patients et les médecins des données sensibles", conclut le directeur général de la CNAM.