Plus de 10.000 Français sont toujours bloqués au Maghreb, en dépit des vols spéciaux mis en place après la fermetures des espaces aériens mi-mars en raison du coronavirus, et certains s'inquiètent pour leur santé ou leur emploi. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a annoncé dans ce contexte mardi l'affrètement de vols et bateaux supplémentaires pour accélérer les retours vers la France.
Au Maroc, où 150 vols spéciaux en un mois ont ramené 30.000 personnes vers la France, au moins 5.000 Français de passage attendaient toujours fin avril de pouvoir rentrer chez eux par les vols spéciaux hebdomadaires, selon l'ambassade de France. Une Française de 66 ans, blessée à l'arme blanche par un homme souffrant de troubles psychiatriques, va néanmoins pouvoir rentrer chez elle par vol sanitaire, selon une source diplomatique à Rabat.
En Tunisie, où 17.000 personnes ont pu prendre un vol parmi cent vols spéciaux, plus de 5.000 Français sont sur les listes de la cellule de crise, dont 1.000 à 1.500 "en urgence de retour", a indiqué l'ambassade.
"Faire preuve de patience"
En Algérie, en revanche, seuls quelques vols par semaine ont pu être organisés après la fermeture de l'espace aérien le 17 mars, ramenant 6.099 personnes, a indiqué l'ambassade de France vendredi.Interrogée par l'AFP, la mission diplomatique n'a pas été en mesure de préciser combien de Français étaient bloqués en Algérie. "Tous ceux qui n'ont pas de raison vitale de rentrer urgemment en France sont invités à faire preuve de patience", a exhorté l'ambassade dans un communiqué, ajoutant qu'Air France "prend en compte [...] selon ses possibilités" les cas "d'urgence sanitaire".
Les autorités françaises continuent à mettre en place, avec les autorités locales, des vols spéciaux payants. Jean-Yves Le Drian a même évoqué un "doublement des fréquences". "Il reste des Français, résidant en France mais passant du temps au Maroc, en Algérie et en Tunisie au cours de l'année. Ceux-là sont aujourd'hui effectivement en difficulté et nous avons décidé d'augmenter le nombre de vols de la compagne nationale Air France pour permettre leur retour", a-t-il déclaré à l'Assemblée nationale. "Nous avons aussi décidé de mettre en œuvre des bateaux", a-t-il ajouté, en précisant que l'un d'eux allait rallier Sète mardi depuis Tanger Med au Maroc avec à son bord des camping-cars.
"Nous n'avons aucune visibilité"
"C'est la panique", a expliqué à l'AFP Lisa Gaoua, 28 ans, arrivée le 13 mars de Lyon pour quatre jours, le temps d'enterrer son père en Algérie. Employée d'une coopérative agricole du Vaucluse, elle se retrouve en congé sans solde : "Je viens de déménager pour commencer un CDI, mon employeur est compréhensif, mais plus le temps passe plus j'ai peur de perdre mon emploi". "Nous n'avons aucune visibilité. On ne sait pas combien de personnes sont bloquées, et si on pourra repartir avant septembre", déplore la jeune femme.
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Des groupes de Français bloqués échangent des informations sur les réseaux sociaux. Certains vols sont programmés à la dernière minute et des compagnies continuent à proposer des billets pour des vols non-confirmés, aucune reprise des vols commerciaux n'ayant encore été programmée. Les frontières avec les pays non-européens "resteront fermées jusqu'à nouvel ordre", a indiqué vendredi le ministre français de l'Intérieur Christophe Castaner.
Des dizaines de milliers de Maghrébins sont également bloqués à l'étranger, notamment 22.000 Marocains, et plusieurs centaines de Tunisiens, sans compter les milliers d'étudiants.