La vague Omicron n'épargne aucun secteur. Les cas de contaminations se multiplient aussi chez le personnel hospitalier. Les directions des hôpitaux sont contraintes de réorganiser leurs équipes. Une tâche supplémentaire dont elles se seraient bien passées, en pleine reprise épidémique.
Des absences parfois impossibles à pallier
Deux infirmiers en moins sur le planning du professeur Bruno Mégarbane, chef du service de réanimation de l'hôpital Lariboisière, à Paris. Des soignants testés positifs, et symptomatiques, donc obligés de s’isoler jusqu’à la fin de la semaine. "Ce n’est pas le pire qu’on ait eu ! A Noël, quatre soignants étaient en arrêt et nous avons dû fermer trois lits", se souvient-il. Des absences qu’il est parfois impossible de pallier par le recrutement d’intérimaires, faute de temps. "C'est très difficile parce que généralement les personnes appellent le matin même de leur journée de travail pour informer qu'ils ne pourront pas venir parce qu'ils ont été détectés positifs", explique-t-il.
"Donc cela met l'équipe dans la difficulté car souvent on ne peut pas fermer physiquement des lits puisqu'il y a des patients dedans. Donc la charge de travail pour le personnel restant augmente... Mais nous n'avons pas le choix". Avec déjà environ 10% des lits fermés dans son hôpital faute de personnel suffisant, le professeur Mégarbane redoute de devoir encore supprimer des places pour accueillir de nouveaux patients.
Une épée de Damoclès dans des services déjà à bout de souffle
Il n’est pas le seul s’inquiéter de l’absentéisme dans son équipe. A l’hôpital de Melun, en réanimation, aucun cas de contamination n’est pour l’instant détecté, sur un effectif de 50 infirmières au total. De quoi rassurer le chef de service, le docteur Mehran Monchi. "Les périodes de congés sont pour la plupart terminées, on peut éventuellement se permettre de remplacer une voire deux personnes, nous avons moins de craintes que la semaine dernière. Mais cet équilibre est bien précaire pour l’instant", précise-t-il.
"Une personne qui manque, c'est une personne qui peut vraiment être centrale pour nous... En pratique ça veut dire diminuer la surveillance des patients, qu'on ne peut pas sortir du jour au lendemain parce qu'il nous manque une infirmière", constate-t-il. "Pour l’instant, ce n’est pas le cas mais c'est un des risques que l'on prend si l'épidémie se répand à un niveau très important."
Le docteur Monchi appréhende les prochains jours face au nombre de contaminations qui flambe : "Lors de la première vague, nous étions montés jusqu’à 60 lits dans le service, là nous sommes à 30 et nous ne pouvons pas faire plus, c’est impossible", souffle-t-il.