Il était l'espoir de nombreux Français. Le professeur Didier Raoult est accusé par la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins d'entorse au code de déontologie pour avoir fait la promotion de l'hydroxychloroquine au tout de début de la lutte contre le Covid-19. L'audience s'est déroulée à la Cour administrative d'appel de Bordeaux, devant laquelle se sont réunis de nombreux manifestants venus soutenir et applaudir l'infectiologue de 69 ans. En arrivant en début de matinée, vêtu d'un pull vert, le professeur a gardé le silence, se contentant d'un signe de tête envers ses soutiens.
Le "procès de la réussite" pour l'accusé
Durant près de trois heures, Didier Raoult a longuement répondu aux questions de huit médecins et un magistrat administratif. Il a expliqué, il s'est défendu face notamment aux accusations rappelées par les avocats du Conseil de l'Ordre. Il est reproché au praticien marseillais d'avoir fait la promotion de la chloroquine pour traiter le Covid-19, "sans données scientifiques établies", ce qui s'apparente à du "charlatanisme", d'avoir pris des "risques inconsidérés" en soignant des patients avec ce traitement "non éprouvé par la science" et d'avoir "manqué à son devoir de confraternité" envers d'autres médecins, a détaillé la rapporteure de la chambre disciplinaire.
L'un des avocats du Conseil de l'Ordre a estimé qu'à bien des égards, "le professeur Raoult s'affranchit du lot commun de la loi et qu'il n'est pas soumis", du moins l'estime t-il, "à la loi commune des médecins". Didier Raoult, dans son style inimitable, a alors déclaré : "On va encore dire que je manque de modestie. On est simplement en train de faire le procès de la réussite." Restant sur sa position, l'infectiologue a réaffirmé "la réussite" de son traitement malgré l'absence d'effet prouvé aujourd'hui encore. "Ce sont les médecins qui se plaignent de nous, pas les patients", a rétorqué Didier Raoult, assurant avoir reçu "plus de 600.000 patients" au sein de l'IHU durant la crise sanitaire, "sans aucune plainte".
Décision le 3 décembre
Le Conseil de l'Ordre doit rendre une décision le 3 décembre. La chambre disciplinaire, présidée par un magistrat administratif, peut décider de sanctions contre l'infectiologue marseillais allant d'un simple avertissement à une radiation, en passant par une suspension temporaire.
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La juridiction bordelaise doit examiner également une troisième plainte déposée cette fois par le professeur marseillais lui-même, contre le vice-président de l'Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône, le Dr Guillaume Gorincour, pour "non-confraternité". Didier Raoult reproche à ce médecin chargé de la déontologie au sein de l'instance, une cinquantaine de tweets le dénigrant, postés au long de l'année 2020.