Spécialiste des maladies infectieuses depuis plus de 30 ans à Marseille, le professeur Didier Raoult a vu sa notoriété exploser à l’occasion de la pandémie de coronavirus, lors de laquelle il a défendu très tôt, et contre l’avis d’une partie de la communauté scientifique, un traitement controversé à base de chloroquine.
Un expert reconnu, aux prises de positions remarquées
Reconnaissable aujourd’hui par ses longs cheveux et sa barbe blanche, Didier Raoult est né en 1952, à Dakar. Au fil des années, il est devenu un des experts mondiaux des maladies infectieuses et tropicales. Il dirige l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, à Marseille. Il y a multiplié les découvertes, en décryptant notamment le génome de la bactérie à l'origine de la maladie de Whipple, ou en identifiant des dizaines de nouvelles bactéries pathogènes, dont deux portent son nom aujourd'hui : Raoultella planticola et Rickettsia raoultii.
Mais le chercheur s’est aussi fait connaître par ses prises de positions tonitruantes, en dénonçant notamment l'interdiction du voile à l'université, ou en exprimant ses doutes face au réchauffement climatique.
Longue polémique autour de la chloroquine
Très vite, lors des débuts de l’épidémie de coronavirus en France, il vante les résultats d’un traitement à base d’un antibiotique, l'hydroxychloroquine, associée à l'azithromycine, poussant Emmanuel Macron à lui rendre visite. Mais les critiques affluent, dénonçant le manque de rigueur dans ces études.
Plusieurs grandes études viendront ensuite relativiser l’efficacité de la chloroquine. Après plusieurs semaines de polémique, le gouvernement français a mis fin, le 27 mai, à l’autorisation de l'hydroxychloroquine contre le Covid-19 à l’hôpital. De son côté, l’OMS a décidé d’arrêter les essais cliniques, après avoir conclu que l’antipaludéen ne réduisait pas le taux de mortalité chez les malades.
Entendu au mois de juin 2020 par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la gestion de la crise, Didier Raoult a étrillé l’action des autorités, et notamment l’organisation des tests de dépistage, ainsi que les "conflits d'intérêt" au sein des instances de recherche médicale et du Conseil scientifique, duquel il a claqué la porte une semaine après le début du confinement.