Malgré les nouvelles mesures prises par le gouvernement le 18 mars dernier et le confinement de 9 départements au total, les contaminations au Covid-19 continuent d’augmenter en France et d’inquiéter de plus en plus les soignants sur le terrain. Plusieurs dizaines d’entre eux ont signé deux tribunes ce week-end dans le JDD et le Monde pour alerter le gouvernement face à la situation. Et dimanche soir, les directeurs médicaux de crise de l’AP-HP étaient reçus par le ministre de la Santé, Olivier Véran. Si les médecins mettent ainsi la pression au gouvernement, c'est que la situation est au bord de la rupture dans les établissements de santé.
"L’hôpital va être broyé"
Avec près de 30.000 nouveaux cas enregistrés chaque jour en moyenne, les contaminations ont en effet augmenté de 17% en une semaine. Une accélération qui touche presque toutes les régions. Dans cinq départements d’Île-de-France, le taux d’incidence dépasse même désormais le niveau observé lors de la deuxième vague. Les entrées en réanimation se multiplient, avec des patients de plus en plus jeunes.
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Pour Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches, il est urgent d'agir. "Très clairement, si demain ou après-demain il n'y a pas de diminution de l'incidence des nouveaux cas notamment dans les régions les plus touchées, ça signifie que les mesures n'ont pas d'impact. Soit parce qu'elles ne sont pas comprises, soit parce qu'elles ne sont pas efficaces. Il faudra donc prendre des mesures plus dures sur un plan sanitaire si on veut libérer des places d'hospitalisation, et libérer également la conscience des médecins". Car la saturation des services de réanimation pourrait très prochainement obliger les soignants à faire un "tri" entre les malades.
Et ce qui inquiète également les soignants, c'est que la situation n’est pas la même que l’année dernière : des malades non liés au Covid-19 doivent être pris en charge et les renforts de personnels sont impossibles dans les régions les plus touchées. Des inquiétudes que résume un médecin réanimateur d’Île-de-France : "Si on n’atteint pas le pic de la troisième vague dans les 10 prochains jours, l’hôpital va être broyé".