Dans les écoles, pour l’instant toujours ouvertes, l'augmentation des tests positifs au coronavirus chez les moins de 14 ans commence à être un sujet de débat. Si bien que vendredi, Jean-Michel Blanquer a mis en place un protocole sanitaire renforcé : les classes ferment maintenant dès qu’un enfant est positif au Covid-19. Une décision qui laisse songeuse Alice Desbiolles, médecin épidémiologiste, car pour elle, ce n'est que le reflet de l'augmentation des cas dans la société. "J'ai du mal à comprendre le rationnel qu'il y a derrière", livre-t-elle dans la matinale d’Europe 1, mardi.
"Ce sont souvent les adultes qui se contaminent entre eux"
"Une chose est sûre : le contexte actuel est très anxiogène. Donc, je comprends vraiment que les enseignants puissent avoir peur. Mais les enfants ne sont pas des super contaminateurs comme on l’a peut-être un peu cru au début de l'épidémie", assure l’épidémiologiste au micro d’Europe 1.
Pour elle, il n’existe pas de raisons de fermer les écoles. Et ce protocole ainsi renforcé n’est donc pas utile. "Souvent, ce sont les adultes qui se contaminent entre eux", rappelle-t-elle. De plus, elle explique que les enfants qui attrapent le virus n’ont généralement pas de symptômes. "Les enfants sont beaucoup moins à risque de formes graves ou létales", affirme l'épidémiologiste.
Retard de langage, troubles d'apprentissages et problèmes psychologiques
Pour cette experte en santé publique, qui est aussi maman précise-t-elle, les restrictions actuelles ne profitent pas aux enfants. Au contraire, elles seraient plus dommageables. Ils sont malheureusement les grands perdants dans cette histoire et la balance bénéfice-risque n'est pas à considérer", confie-t-elle.
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Fermer totalement les écoles serait alors un véritable désastre. "On observe de plus en plus de décrochage scolaire, de troubles psychologiques et psychiatriques. Les enfants sont de plus en plus devant les écrans. Il y a des retards de langage, des troubles d'apprentissage, des problèmes de continuité pédagogique et les violences intrafamiliales augmentent". Avant d’ajouter : "Et je ne parle même pas des burn-out pour les parents qui doivent gérer leurs enfants".
Pour Alice Desbiolles, il faut donc penser la santé de manière "globale", c'est-à-dire en enveloppant "la santé physique, la santé mentale, la santé sociale". "On a trop souvent tendance, dans cette crise, à résumer la santé au seul indicateur Covid. C'est vraiment de plus en plus dommageable", conclut-elle.