L'Union européenne réclame au laboratoire britannique AstraZeneca de lui livrer comme convenu des vaccins anti-Covid-19 produits dans deux usines situées au Royaume-Uni, alors que le groupe prévoit désormais de ne livrer au premier trimestre qu'"un quart" des doses promises, selon une responsable de l'UE. "Il est inacceptable de voir le calendrier de livraisons se réduire à une fraction", à "un quart de ce qui était censé nous être livré" au premier trimestre, a indiqué Stella Kyriakides, la commissaire européenne à la Santé.
Quatre usines mobilisées au total
La commission européenne est furieuse face aux explications vagues que lui fournit la firme pharmaceutique, alors que 400 millions de doses avaient été commandées. Le contrat signé prévoit qu'AstraZeneca mobiliserait quatre usines, dont deux au Royaume-Uni, pour produire les doses destinées à l'UE, ce que Bruxelles lui demande de faire, rappelle-t-on de source européenne, à l'encontre des affirmations du patron du laboratoire assurant réserver à Londres la production de ses sites britanniques.
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"Laissez-moi être claire : il n'y a pas de hiérarchie de ces usines dans le contrat, aucune différenciation entre les sites au Royaume-Uni et dans l'UE", a insisté Stella Kyriakides au cours d'une conférence de presse. "Les usines britanniques font partie du contrat de précommandes et c'est pourquoi elles doivent fournir" les doses qui sont attendues d'elles, a-t-elle martelé.
Le PDG d'AstraZeneca, Pascal Soriot, a lui expliqué que la production des usines au Royaume-Uni est réservée aux Britanniques en vertu de l'accord conclu avec Londres, trois mois avant le contrat signé avec l'UE. La Commission européenne s'étrangle face aux déclarations du PDG : en effet le contrat entre l'Union et AstraZeneca comporte des engagements de livraison, indépendamment des promesses faites par le laboratoire à d'autres pays. "Rien ne dit qu'un autre pays a priorité sur nous parce qu'il aurait signé son contrat avant", souligne Stella Kyriakides. "Le contrat prévoir des objectifs trimestre par trimestre". "Rappelons les choses pour lever tout doute : il n'a jamais été questions que ces deux usines (britanniques) soient au second plan ou en back-up" pour la production de vaccins destinées à l'UE, a confirmé une responsable bruxelloise.
Livraisons moins importantes
Selon cette source, "il est inacceptable de voir le calendrier de livraisons se réduire à une fraction", à "un quart de ce qui était censé nous être livré" au premier trimestre, alors que l'UE a contribué à "financer le risque manufacturier" pour développer le vaccin et accroître les moyens de production. La Commission européenne a alloué quelque 336 millions d'euros à AstraZeneca à cette fin, mais qui n'ont pas encore été entièrement versés, a-t-elle indiqué.
Avant un feu vert réglementaire de l'UE pour ce vaccin attendu vendredi, AstraZeneca a annoncé la semaine dernière que les livraisons seraient moins importantes que prévu au premier trimestre en raison d'une "baisse de rendement" sur un site de fabrication européen. Le groupe a été convoqué à deux reprises lundi pour s'expliquer devant les États membres et la Commission européenne, qui négocie au nom des Vingt-Sept. Ses justifications ont été jugées "insatisfaisantes" et une autre rencontre est prévue mercredi soir.
Bercy confirme dans le même temps n'attendre plus que 26% des commandes prévues au premier trimestre, soit un peu plus de 4,5 millions de doses. Le gouvernement veut cependant rassurer : les 15 millions de vaccinations que le gouvernement a promis avant l'été devraient être réalisées, et ce grâce aux formules des concurrents Pfizer et Moderna.