Une start-up marseillaise nommée C4Hydro a développé des kits de détection de la légionelle, une bactérie dont les effets peuvent être extrêmement nocifs. En effet, si des légionelles se développent de manière importante dans les réseaux d'eau chaude, elles peuvent provoquer à terme une infection respiratoire plus connue sous le nom de "maladie du légionnaire".
Il est déjà possible de détecter avec certitude la présence de légionelles dans un milieu aquatique à l'instar d'une piscine, d'un bassin ou de canalisations. Cependant, la détection prend à ce jour près de deux semaines. Des semaines qui peuvent être paralysantes pour les établissements ou entreprises qui sont alors obligés de fermer les réseaux d'eaux chaudes afin de les nettoyer lorsque la concentration en légionelles dépasse le seuil réglementaire. Si le kit présenté par C4Hydro apparaît comme un outil révolutionnaire, c'est parce qu'il promet d'identifier et de dénombrer les bactéries en à peine deux jours.
Une technique de détection cinq fois plus rapide. Pour le directeur de recherches au CNRS Sam Dukan et la post-doctorante Audrey Dumont, l'aventure commence en 2014 par hasard. Alors qu'ils travaillaient sur autre chose, ces deux scientifiques marseillais découvrent une méthode permettant de distinguer les légionelles des autres microorganismes présents dans l'eau. La bactérie de la légionelle, aussi désignée sous le nom de "Legionella pneumophilia", est connue depuis les années 1970 pour être responsable de la maladie du légionnaire.
La même année, cette trouvaille avait fait l'objet d'une publication dans une célèbre revue scientifique américaine. Depuis, les chercheurs, accompagnés de l'ingénieur Eric Agostini, ont transposé cette découverte développée en laboratoire à un kit terrain. Nommé LEGIO EZ-TEST, ce kit permet de repérer avec précision et rapidité le nombre de légionelles présentes dans un milieu aquatique.
Ce kit, qui sera commercialisé d'ici fin juin 2017, a l'avantage d'être simple d'utilisation : il suffit de prélever de l'eau à l'aide d'un tube puis de suivre le mode d'emploi fourni. Au bout de 48 heures, si la solution aqueuse est colorée, on peut en déduire que la bactérie est présente. Sa particularité ? Tout le monde peut l'utiliser afin de vérifier qu'un environnement n'est pas contaminé par les légionelles.
Un dépistage fréquent. La demande est forte. Chaque année, plus de 10 millions de tests en auto-contrôle sont effectués afin de confirmer la présence ou l'absence des légionelles. Si ces bactéries sont si fréquentes, c'est parce qu'elles se développent facilement dans les canalisations d'eau chaude telles que les douches, les saunas, les jacuzzis ou encore les tours aéroréfrigérantes. En France, le fonctionnement de piscines, d'hôtels ou même d'entreprises est périodiquement paralysé par la menace d'une invasion de cette bactérie.
Pour les chercheurs à l'origine du kit, cette nouvelle méthode de détection pourrait être une alternative à l'analyse culturale, qui prend entre 10 et 15 jours. La technologie utilisée par la start-up, conçue par des équipes du CNRS, a notamment été développée grâce à la Société d'accélération du transfert de technologie (Satt) Sud Est. Plus qu'une avancée scientifique, les kits développés par C4Hydro pourraient se révéler de véritables outils permettant une meilleure gestion du risque lié à la présence de légionelles.