Sanofi a "toujours respecté ses obligations" d'informer sur les effets nocifs de son anti-épileptique Dépakine sur le fœtus, à mesure des avancées des connaissances scientifiques, a déclaré mercredi Olivier Brandicourt, le directeur général du géant pharmaceutique français.
"Je veux, je peux (...) vous assurer que Sanofi a toujours respecté ses obligations dans l'intérêt de ses patients" concernant les risques associés à la Dépakine, a déclaré Olivier Brandicourt dans un discours aux actionnaires lors de l'assemblée générale ordinaire du groupe à Paris.
Près de 14.000 victimes. La Dépakine et ses dérivés ont provoqué depuis 1967 des malformations congénitales graves chez 2.150 à 4.100 enfants dont les mères avaient pris ces traitements durant leur grossesse, selon une première évaluation de l'agence du médicament et de l'Assurance maladie publiée fin avril. En prenant en compte les enfants souffrant de retard de développement (troubles autistiques, psychomoteurs, etc.), il pourrait y avoir 14.000 victimes, selon l'épidémiologiste Catherine Hill.
"Nous avons averti (les autorités de santé, ndlr) dès le début des années 1980 sur les risques de malformation du fœtus, et dès 2003 sur les risques neurodéveloppementaux", a souligné mercredi Olivier Brandicourt. Cependant, ces nouveaux risques n'ont été entérinés par les autorités de santé qu'à partir de 2006, a-t-il rappelé.
"Le temps de la science est long". "Le temps de la science est long, comme celui de la vérification et des procédures (...). On nous demande souvent pourquoi nous n'avions pas changé l'information sur ce médicament dès 2003. Mais aucun laboratoire ne peut décider seul des informations données" aux médecins et aux patients, toute demande de modification de ces informations étant soumise au contrôle des autorités de santé, a encore plaidé Olivier Brandicourt.
"Sanofi a toujours assumé ses responsabilités et fera de même en ce qui concerne Dépakine si notre responsabilité venait à être retenue", a assuré le directeur général, alors que Sanofi est visé par une action de groupe de nombreuses familles de victimes de la Dépakine.
Un décret pour l'indemnisation au Journal officiel. Toutefois, la "sensibilité" et "l'émotion" autour de ce dossier "ne doivent pas nous empêcher d'analyser les faits avec impartialité, et c'est à la justice de le faire", selon Olivier Brandicourt, tout en se disant "profondément touché" par la détresse des victimes et de leurs proches. Un fonds d'indemnisation des victimes de la Dépakine et de ses génériques a été créé par l'État. Paru dimanche, le décret fixant ses modalités doit entrer en vigueur le 1er juin.