Doit-on craindre l’apparition d’une épidémie de chikungunya en métropole ?

La France métropolitaine fait face à un risque élevé d’épidémie de chikungunya, favorisé par la prolifération du moustique tigre. Un plan blanc est activé à La Réunion, où une campagne de vaccination est en cours. Des cas ont été récemment recensés à Mayotte, en Martinique. 80% des départements sont propices à l'émergence de la maladie.
La prolifération du moustique tigre menace la France. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) a estimé que la France métropolitaine est exposée à "un risque assez élevé" d'épidémies liées au moustique tigre dans les cinq prochaines années. À La Réunion, un plan blanc a été activé face à l'explosion de l'épidémie de chikungunya.
Manuel Valls, ministre des Outre-mer, a lancé une campagne de vaccination à La Réunion. Environ 100.000 doses du vaccin Ixchiq, premier disponible contre le chikungunya, doivent être utilisés d'ici à la fin du mois d'avril.
"80% des départements rassemblent les conditions propices à l’émergence de la maladie"
Depuis août 2024, le nombre de cas a explosé dans ce département de l'Océan Indien. Selon l'Institut Pasteur, "actuellement en France, 80% des départements rassemblent les conditions propices à l’émergence de la maladie".
Un premier cas importé de chikungunya a été détecté à Mayotte début mars. Il concerne une habitante de Mamoudzou, de retour d’un séjour à La Réunion. Le 26 mars, un premier cas autochtone a été confirmé, portant à 12 le nombre total de contaminations recensées par l’Agence régionale de santé (ARS) locale.
Aux Antilles, un cas importé a également été signalé en Martinique par l’ARS. "Le patient, originaire de La Réunion, a séjourné en Martinique durant la seconde quinzaine de mars et a présenté des symptômes évocateurs de la maladie", a précisé l’autorité sanitaire. Des "mesures préventives nécessaires pour limiter la propagation du virus" ont été mises en place sur le territoire.
Les facteurs favorisant une potentielle épidémie
Santé Publique France publie chaque année les données de surveillance du chikungunya. Entre janvier et novembre 2024, 27 cas importés du virus ont été identifiés dans l'Hexagone. Un seul cas autochtone a été dépisté en Ile-de-France.
Deux paramètres pourraient favoriser l’apparition d’une épidémie de chikungunya en métropole. Le fort taux, 80%, de départements touchés par la présence du moustique tigre face aux conditions météorologiques favorables à l'éclosion des œufs. Les flux de voyageurs revenant de pays touchés par le virus chikungunya. Ces dernières années, la maladie touche principalement l'Amérique du Sud, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.
Quels sont les symptômes du chikungunya ?
L’infection au chikungunya se caractérise par de nombreux symptômes selon l'Institut Pasteur : "Des atteintes articulaires, souvent très invalidantes. Celles-ci concernent principalement les poignets, les doigts, les chevilles, les pieds, les genoux et, plus rarement, les hanches ou les épaules".
"À cette atteinte articulaire s’ajoutent fréquemment des maux de tête accompagnés de fièvre, des douleurs musculaires importantes, une éruption cutanée au niveau du tronc et des membres, une conjonctivite, ou encore une inflammation d’un ou plusieurs ganglions lymphatiques cervicaux", ajoute l'institut de recherche.