Didier Raoult se défend. Le professeur a été auditionné mardi par la commission d'enquête du Sénat sur le coronavirus, qui l'a interrogé sur de nombreux aspects de ses travaux. Les questions des sénateurs ont notamment porté sur la politique de tests massives de l'Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille dès le début de l'épidémie. Le virologue controversé a de nouveau affirmé l'efficacité de l'hydroxychloroquine, démentie par un grand nombre d'études.
Raoult "surpris" par les critiques
Il s'est dit "extraordinairement surpris" par l'ampleur des mises en garde contre les effets secondaires de ce médicament, un dérivé de la chloroquine habituellement utilisé pour traiter des maladies auto-immunes.
Ce discours a trouvé un écho parmi plusieurs membres de la commission, comme le sénateur des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi (LR), reprenant devant Didier Raoult l'argumentaire selon lesquels les médecins libéraux auraient été "contraints de ne pas prescrire (son) traitement" par la restriction d'utilisation de l'hydroxychloroquine au début de l'épidémie, ou la sénatrice du Jura Sylvie Vermeillet (Union des démocrates), atteinte par le Covid-19 mi-mars, assurant très émue que Didier Raoult avait été "le premier à nous donner de l'espoir".
"Rien de probant" sur la chloroquine
D'autres ont en revanche vu "une forme d'imprudence" dans l'expression publique du chercheur au début de l'épidémie, affirmant l'efficacité de l'hydroxychloroquine alors que seuls des résultats très préliminaires étaient disponibles. "Six mois après, il n'y a rien de probant", a estimé le sénateur de Paris David Assouline (PS), voyant dans les réfutations de Didier Raoult de l'"idéologie" et une "posture politique" derrière son "pragmatisme" revendiqué.
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Ces critiques ont été balayées par le chercheur, qui a justifié l'importance de "donner de l'espoir" par "l'effet placebo" que cela crée chez les patients. Didier Raoult a aussi défendu l'"empirisme" face aux tenants des essais cliniques randomisés en double aveugle et autres "modes méthodologiques". "C'est comme ça que marche la science", a-t-il affirmé.
Auditionné seul
Lors de cette audition, le directeur de l'IHU a refusé de participer à une table-ronde avec deux autres chercheurs comme initialement prévu. Le microbiologiste devait initialement échanger devant les sénateurs avec l'épidémiologiste Dominique Costagliola, directrice de recherche à l'Inserm, et l'infectiologue Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Bichat.
"Je ne peux pas me retrouver à discuter avec des gens qui font une tribune pour dire que je fraude, ce n'est plus une discussion scientifique", s'est justifié le chercheur. Dominique Costagliola figure parmi les signataires d'une tribune intitulée "Halte à la fraude scientifique" dirigée contre les "quelques chercheurs minoritaires mais surmédiatisés" qui ont "durablement déformé et altéré l'image de la science et de la recherche", sans nommer le professeur marseillais.