Cinquante plaintes pour "mise en danger de la vie d'autrui" ont été déposées mercredi au TGI de Lille dans le cadre d'une opération d'analyse des taux de glyphosate dans l'urine entamée par l'association Campagne Glyphosate dans plusieurs villes de France, a-t-on appris auprès des plaignants et du parquet.
"Alerter l'opinion publique". Individuelles, ces plaintes déposées collectivement contre "toute personne impliquée" dans la diffusion de l'herbicide portent également sur des faits de "tromperie aggravée" et d'"atteinte à l'environnement".
"Nous souhaitons alerter l'opinion publique, les magistrats et identifier les responsables", plaide Me Guillaume Tumerelle, avocat des plaignants et de l'association Campagne Glyphosate qui mène cette action en métropole.
"En avoir, c'est déjà trop". Une trentaine de personnes se sont ainsi rassemblées devant le TGI de Lille, leur taux de glyphosate dans l'urine brandi sur le t-shirt ou en dossard. "80% de mon alimentation est bio, comment se produit se retrouve dans mon urine ?", s'interroge Tristian Fleiszerowicz, plaignant à 2,05 nanogrammes par millilitre d'urine d'après une analyse constatée par huissier. Le taux moyen relevé chez ces plaignants du Nord est de "0,88 nanogrammes par millilitre d'urine", contre "1,06" en moyenne chez les "près de 700 personnes" déjà analysées en France, indique Dominique Plancke, référent régional de Campagne Glyphosate.
"Il n'existe qu'une seule limite préventive, les 0,1 ng/ml pour l'eau potable", rappelle Me Tumerelle. Pour le plaignant Matthieu Meerpoel, professeur de droit, "en avoir, c'est déjà trop".
Des plaintes déposées à Rennes, Toulouse, Foix. Les premières plaintes ont été déposées en juin à Foix, en Ariège, et transmises au pôle Santé publique du TGI de Paris. D'autres plaintes ont aussi été déposées à Rennes en novembre et à Toulouse en février.
Le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, avait qualifié mi-janvier "d'inquiétante" la présence de glyphosate dans les urines des Français", rappelant que la France s'est engagée à sortir de ce désherbant d'ici à 2021. Ce désherbant "à large spectre" a été classé comme "cancérogène probable" en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), dépendant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais en novembre 2015, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) estimait "improbable" qu'il présente un danger cancérogène pour l'homme, et l'Agence européenne des produits chimiques (Echa) est allée dans le même sens en 2017.