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avec AFP / Crédit photo : Arnaud Le Vu / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
L'association "Donnes des Elles à la Santé" déplore l'importance des inégalités femmes/hommes à l'hôpital, où la libération de la parole reste "limitée". Selon une étude de l'Ipsos dévoilée par l'association, 29% des femmes médecins hospitalières interrogées disent avoir été confrontées à des propos sexistes sur leurs compétences.

Discriminations, violences sexistes et sexuelles, baisse d'intérêt pour les postes à responsabilité, "culpabilité" pendant le congé maternité : les inégalités femmes/hommes restent fortes à l'hôpital et la libération de la parole "limitée", déplore jeudi l'association "Donner des Elles à la Santé", dévoilant les résultats d'une étude.

Pour la cinquième année consécutive, l'institut Ipsos a interrogé pour cette association et l'entreprise pharmaceutique Jannsen France un échantillon représentatif de 500 médecins hospitaliers, du 29 janvier au 20 février, soit avant la vague de témoignages du "#Metoo Hôpital", déclenchée en avril par les accusations de l'infectiologue Karine Lacombe à l'encontre du médiatique urgentiste Patrick Pelloux.

Au cours des 12 derniers mois, 29% des femmes médecins hospitalières interrogées disent avoir été confrontées à des propos sexistes sur leurs compétences et 26% sur leur physique ou leur apparence. Selon cette étude, 11% ont subi des comportements intrusifs pour obtenir un numéro de téléphone ou un rendez-vous, 19% des questions répétées sur leur vie privée et sexuelle, 7% des gestes inappropriés et 5% des situations d'agression sexuelle. Plus d'un homme médecin sur deux indique en avoir été témoin.

Mais la parole se libère peu : seules 36% des victimes en ont parlé au sein de leur établissement, la plupart à leurs collègues, 4% s'étant adressées à la hiérarchie et 4% à des référents chargés des violences sexistes et sexuelles (VSS). Moins d'un homme témoin sur deux en a parlé au sein de l'hôpital.

"Désintérêt croissant" pour les postes à hautes responsabilités

Cette situation "s'explique en partie par une méconnaissance" des ressources, analyse l'association : seulement 19% des médecins considèrent que leur établissement a communiqué sur les procédures à suivre en cas de VSS. Les directions d'hôpitaux n'ont "pas le pouvoir de sanctionner directement" les médecins auteurs, qui passent devant "un centre national de gestion" et l'Ordre des médecins, et sont "très peu sanctionnés" a déploré lors d'une conférence de presse la vice-présidente de "Donner des Elles à la santé", la Pr Coraline Hingray. L'association appelle à "mettre en place des barèmes clairs" de sanctions administratives encourues et une "indépendance totale" vis-à-vis des procédures judiciaires.

Parallèlement, l'étude note un "désintérêt croissant" pour les postes à hautes responsabilités : environ 37% des médecins voudraient s'en voir proposer, contre 49% en 2021. Cette tendance est très marquée chez les femmes jeunes : 31% des moins de 45 ans souhaiteraient ce type de promotion, contre 58% des hommes du même âge. Les raisons invoquées sont essentiellement le manque de temps pour la vie personnelle, la fatigue et le stress.

Le désir de grossesse est un frein : 46% des femmes médecins hospitalières déclarent avoir retardé un projet de maternité pour raisons professionnelles. Quelque 27% disent avoir été incitées par un manager à ne pas prendre leur congé à une période définie (8% chez les hommes), et 72% assurent avoir "culpabilisé" pendant leur congé en raison des conséquences pour leurs collègues (29% chez les hommes). Les congés maternité sont peu remplacés, déplore l'association, appelant notamment à "faire appel au vivier des internes ou chefs de clinique en cours de master ou de thèse".