Le personnel médical qui avait été suspendu, car non vacciné contre le Covid-19, va bientôt pouvoir reprendre le travail, en tout cas, les personnes qui le souhaitent. L’Assemblée nationale a voté, ce jeudi, l’abrogation de l’obligation vaccinale. Un échec pour le gouvernement : "Le complotisme l’a emporté sur la science", estime le ministre de la Santé François Braun. Europe 1 a rencontré deux employées de l’hôpital universitaire de Strasbourg : l’une qui s’était fait vacciner, l’autre non et a donc été suspendue.
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"Hors de question d’y retourner"
Voilà un an et demi que Carine*, ancienne secrétaire médicale, est suspendue de son poste à hôpital universitaire de Strasbourg pour la simple et bonne raison qu’elle refusait de se faire vacciner contre le Covid-19. Aujourd’hui, même si elle en a le droit, "hors de question" pour elle de reprendre son poste.
"Les mots qu’on a entendus de certains collègues m’ont écœuré", déclare-t-elle au micro d’Europe 1. Par exemple, on m’a dit : "J’espère que tu vas choper le Covid et que tu vas refuser ta place en réanimation". "Je ne me vois pas retravailler avec cette personne", lance-t-elle dans un rire. Depuis plusieurs mois, Carine suit une formation en naturopathie "et là, je vais bientôt m’installer", se réjouit l’ancienne secrétaire médicale.
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"On a grand besoin de ces gens-là"
Carole*, elle, est aide-soignante. Elle s’est fait vacciner, pas par conviction, mais "par obligation", rapporte-t-elle au micro d’Europe 1. Si d’anciens collègues suspendus reviennent dans leur service, elle les accueillera sans problème.
Pour elle, tout le monde ne sera pas aussi conciliant. "J’ai déjà entendu des collègues qui ont dit 'Je ne suis pas du tout d’accord sur le fait qu’ils reviennent, moi, j'ai dû me faire vacciner'", raconte-t-elle. "Moi, cela ne me dérange pas. On a grand-besoin de ces gens-là", estime Carine, rappelant qu’il manque actuellement entre "200 et 280 infirmiers" aux hôpitaux de Strasbourg.
La direction des hôpitaux précise toutefois que le nombre de personnes suspendues est infime : elles ne représentent que 0,25% de la masse salariale et la plupart ne sont pas des soignants. Alors leur éventuel retour ne règlerait certainement pas le problème latent du manque de personnel.
*Les prénoms ont été modifiés