"Il n'est pas légitime" de rembourser "les médicaments homéopathiques"

François Chast, Europe 1, 1280
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Grégoire Duhourcau
François Chast, pharmacien des hôpitaux et président honoraire de l’Académie nationale de Pharmacie a estimé chez Wendy Bouchard sur Europe 1 qu'il "n'y a aucune raison de rembourser les médicaments homéopathiques".
INTERVIEW

Le débat concernant le remboursement des médicaments homéopathiques continue de faire rage en France. Il s'est invité mardi chez Wendy Bouchard sur Europe 1. "On n’a pas d’explication scientifique et aujourd’hui, on patauge pour donner des explications sur l’efficacité de l’homéopathie. (...) Il n’est pas légitime que la communauté nationale dépense de l’argent pour une pratique qui n’a pas fait démonstration de son efficacité", a commenté mardi matin François Chast, pharmacien des hôpitaux et président honoraire de l’Académie nationale de Pharmacie, au micro de Wendy Bouchard.

Un point de vue qui s'inscrit dans la ligne de la ministre de la Santé. En mai dernier, Agnès Buzyn déclarait que l'homéopathie était remboursée "sans aucune évaluation scientifique", réclamant vouloir la voir "rentrer dans le droit commun et être évaluée. Si elle est utile, elle restera remboursée. Si elle est inutile, elle arrêtera de l'être". 

Un coût minime pour l'assurance maladie. Il estime donc que la question du remboursement des médicaments homéopathiques n'est pas une question de coût pour la Sécurité sociale, mais plutôt d'indication pour les patients. "Les granules, ça ne coûte pas cher. C’est un euro, deux euros le tube, donc on se dit que c’est vraiment ridicule. Comme coût, l’assurance maladie peut quand même s’offrir ça", lâche François Chast. En 2016, l'assurance maladie a remboursé 128 millions d'euros de médicaments homéopathiques, sur un budget total de médicaments remboursés de 20 milliards. 

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

Néanmoins, il appelle à une plus grande clarté entre médicaments et homéopathie. "Il faut faire en sorte que le signe 'je rembourse' ou 'je ne rembourse pas' soit un signe qui donne des indications aux patients", argue-t-il, en soulignant la problématique liée à la prise de médicaments homéopathiques avec les résultats d'une "étude publiée il y a quelques mois par deux équipes américaine et allemande". Sur un échantillon de 45.000 patients, la moitié avait été soignée par homéopathie, l'autre moitié "par des médicaments traditionnels".

Les personnes soignées par homéopathie "ont plus recours aux soins". L'étude avait conclu que "le coût de la santé, c'est-à-dire le nombre de fois où l’on va chez le médecin, le nombre de fois où l’on est hospitalisé, le nombre de fois où l’on a recours aux urgences" était supérieur de 20% pour "le groupe homéopathie", passant "de 10.000 euros par an à 12.000 euros par an". Concrètement, les personnes soignée par homéopathie ont "plus recours aux soins", appuie-t-il.