Après les cas de cancers pédiatriques à Saint-Pazane, où 25 enfants ont été touchés entre 2015 et 2021, ou encore le cas de la petite Silhoh, 12 ans, décédée il y a quelques semaines d’un cancer du sein extrêmement rare, l’inquiétude continue de monter en France, et notamment dans l'Eure, où un collectif de parents alerte sur un cluster de cancers pédiatriques inexpliqués. Ces familles ont confié leur désarroi au micro d'Europe 1.
Un nombre de cancers pédiatriques très élevé par rapport à la moyenne nationale
17 enfants de deux communes voisines de moins de 7.000 habitants, Igoville et Pont de l’Arche, ont développé des cancers depuis 2017. Un chiffre anormalement élevé par rapport à la moyenne nationale. À ce stade, l'Agence régionale de santé (ARS) n'a apporté aucune réponse précise aux questions des parents qui ont révélé ce cluster.
Les mains tremblantes, Coralie explique comment les familles ont découvert qu'il se passait quelque chose d'anormal. "On s’est retrouvés en même temps à l’hôpital et on s'est rendus compte qu'il y avait de nombreuses personnes qui venaient d’Igoville et de Pont de l’Arche. On s'est dit que ça faisait beaucoup", se rappelle la mère de famille. "Ca change tout car quand ça nous est tombé dessus, nous avions mis ça sur le dos de la fatalité. Quand on s'est rendu compte qu'il y avait peut-être une raison à creuser, ça s'est transformé en colère."
Deux ans de douleurs, de traitements, puis la rémission et les cheveux qui repoussent : la mère d'Hugo raconte chaque étape du cancer de son fils, âgé de 13 ans aujourd'hui. En dessinant un plan de la vallée, elle s'interroge sur le rôle des usines et des antennes relais implantées à cet endroit.
"Il faudrait que les responsables paient"
"Je ne dors pas encore bien parce que je ne sais toujours pas où se trouve la source de pollution", regrette la mère de famille, sous le regard de son fils. "J’ai eu tellement mal, il faudrait que les responsables paient. Pas un poids aussi lourd, mais qu’ils paient quand même", souligne Hugo, l'air grave.
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Lors de l'une des réunions de soutien, les résultats des tests réalisés sur 11 enfants des deux communes ont montré une "intoxication chronique par le plomb et un profil de contamination aux terres rares". Un premier pas pour les familles. "Si ce n'est pas la cause des cancers de nos enfants, ça peut en être une à l'avenir. Donc il va falloir éradiquer cette pollution", insiste Charlène, présidente de l'association Cancer, la vérité pour nos enfants. "De toute façon, on va continuer à nous battre jusqu'à ce qu'on trouve. Le dernier cas, c'était en février 2022. Il faut que ce soit le dernier."
Désormais, tous souhaitent réaliser d'autres tests à plus grande échelle, persévérer et peut-être partir. Certains parents hésitent à quitter leurs communes pour dormir à nouveau.