Le préfet de La Réunion a déclenché mardi le niveau 4 du dispositif contre la dengue, qui prévoit un renforcement de la mobilisation et de la prévention contre le moustique vecteur de la maladie. Le passage au niveau 4, le dernier avant l'"épidémie de masse", prévoit l'activation du régiment du service militaire adapté (RSMA) en appui des actions de lutte anti-vectorielle. Des contrats aidés "Parcours emploi compétence" (Pec), financés à hauteur de 80 à 90% par l'Etat, seront également attribués aux associations spécialisées dans les opérations de nettoyage de l'espace public.
Quelque 5.970 cas de dengue confirmés. Les actions de communication et d'information auprès des médecins, des laboratoires et du public seront renforcées. Des répulsifs seront aussi distribués auprès de publics cibles. Ce train de mesures a été décidé en raison de la poursuite de l'épidémie dengue à un niveau élevé malgré l'arrivée en juin dernier de l'hiver austral, une saison défavorable pour les moustiques. Du début de l'année au 10 juillet, 5.970 cas de dengue confirmés biologiquement ont été recensés. 124 malades ont dû être hospitalisés.
"Plus de 18.000 consultations pour dengue". Ces chiffres seraient en deçà de la réalité. "Les médecins reçoivent en consultations beaucoup de patients présentant les symptômes de la dengue", déclare Luce Menudier, épidémiologiste la cellule d'intervention en région (Cire) Santé publique France. "Nous ne sommes à plus de 18.000 consultations pour dengue", affirme-t-elle.
"Dispersion de plus en plus important du nombre de cas". "On observe aussi une dispersion de plus en plus importante du nombre de cas sur l'île, notamment dans le Nord et le Sud", indique Marie-Amélie Vauthier Bardinet, directrice de cabinet du préfet de La Réunion. Le maintien d'une circulation du virus pendant l'hiver fait peser le risque d'une "explosion épidémique au cours de l'été prochain. L'idée est de profiter de la saison froide pour éradiquer le virus " ajoute-t-elle.
Un risque d'une "endémicité" de la maladie. Si cet objectif n'est pas atteint, dès le retour de la saison chaude le risque serait d'avoir à faire face à une épidémie majeure, comme ce fut le cas avec le chikungunya en 2005 - 2006. Plus de 260.000 habitants, le tiers de la population, avaient été contaminés. 225 personnes étaient mortes de la maladie.
Le second risque serait le développement d'une "endémicité" de la dengue. "Le virus continuerait à circuler et reviendrait chaque année", souligne le docteur François Chieze, directeur de la cellule de veille et sécurité sanitaire à l'Agence régionale de santé.